L'entrée de Barack Obama à la Maison-Blanche combinée à une relative accalmie en Irak replacent l'Afghanistan au centre des préoccupations des États-Unis... et du Canada puisque nous y sommes aussi. Les médias américains, qui avaient «oublié» l'Afghanistan, y vont maintenant de pléthoriques analyses et prédictions.

Jeudi, quelques heures avant l'arrivée prévue à Kaboul de l'émissaire de Washington, Richard Holbrooke, des attentats en plein centre de la capitale afghane - et non dans le sud, comme c'est routinier - ont visé trois immeubles du gouvernement et fait plusieurs dizaines de morts et de blessés. C'était un message, bien sûr, conçu dans le but de faire comprendre que la mouvance talibane tient désormais les deux tiers du pays ainsi que plusieurs routes d'accès à la capitale. De fait, après sept ans, rien ne va plus en Afghanistan, que ce soit sur le plan militaire, politique, économique ou humanitaire.

 

Ce pourrait être «le Vietnam d'Obama», titre le Newsweek en grosses lettres grises fumées sur fond noir d'enfer.

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Barack Obama sera à Ottawa, cette semaine.

On ignore s'il demandera au premier ministre Stephen Harper de prolonger la mission canadienne en Afghanistan au-delà de 2011, moment prévu pour le retrait des 2500 militaires qui s'y trouvent.

Mais, à ce moment-ci, il appartient plutôt au président des États-Unis (puisque ce sont eux qui, de facto, mènent le bal) de donner des réponses. Car on ne voit nulle part à l'horizon de feuille de route susceptible de prendre en charge toutes les variables de l'équation afghane. Du casse-tête pakistanais au tribalisme séculaire; de la culture du pavot à la corruption gouvernementale; de la pauvreté à la tradition du pouvoir par la force; de la relative indifférence des autres pays de l'OTAN à la psyché occidentale allergique à un long conflit.

Pour l'heure, on sait deux choses. Un, le président ordonnera un surge à l'irakienne et fera passer d'ici un an le nombre de militaires américains en Afghanistan de 30 000 à 60 000 - insuffisant si le but est d'arracher une «victoire» au sens usuel du mot. Deux, Barack Obama a précisément diminué les attentes et on se demande s'il ne se repliera pas plus ou moins sur l'objectif initial: interdire le territoire, qui inclut désormais les zones tribales pakistanaises, à l'appareil de la terreur islamiste - ce n'est pas simple non plus.

Le Canada doit cesser de combattre en Afghanistan en 2011, Ottawa n'a pas à revenir là-dessus. Comme nous l'avons souvent noté ici, nos Forces armées ont déjà fait plus que leur part et encaissé suffisamment de pertes. Dans des rôles autres que celui de combattant, les militaires canadiens peuvent peut-être encore servir - à entraîner la police afghane, par exemple, comme le font déjà une soixantaine d'entre eux.

Mais il faut un plan. Il faut que tout cela ait un sens.

Et le nouveau président américain est celui qui, aujourd'hui, doit donner un sens à l'aventure afghane.