Deux recherches tapées sur Google produisent autant de gaz à effet de serre, tueurs de planètes, qu'une bouilloire d'eau portée à ébullition, ou qu'une automobile roulant sur deux mètres. Par ailleurs, les téléviseurs à écran plat, les seuls désormais disponibles sur le marché, consomment 43 ou 300% davantage d'énergie (selon qu'ils utilisent la technologie LCD ou plasma) que la bonne vieille TV à papa. Enfin, la fumée «tertiaire» imprégnant les matières absorbantes, que laissent derrière eux les fumeurs, peut être néfaste pour les enfants...

Le monde est dangereux. Et la vie tue: personne n'en est jamais sorti vivant. Mais, quand même, tout ça donne la frousse.

Que faire?

D'abord, cesser de fumer, bien sûr. Que le tabac soit parfois mortel pour le fumeur, personne n'en doute. Mais il est clair que la furieuse campagne antitabac engagée depuis plusieurs années a débordé du cadre de la santé pour entrer dans celui de la morale culpabilisante. Voyant cela, on ne peut s'empêcher de penser que nos sociétés sont en train de devenir de gigantesques ligues de vertu comme on en trouvait chez les Britanniques à l'ère victorienne.

Bref, fumée «tertiaire»? Pas de problème. Personne ne veut tuer un enfant - surtout pas celui qui, à peine sorti d'une demeure sans fumée, court jouer au parc en respirant à pleins poumons les gaz d'échappement des camions et des autobus. Mais qu'y aura-t-il ensuite? La fumée de quatrième génération? Celle se dégageant d'un objet qui a un jour frôlé un objet qu'a jadis et naguère côtoyé un fumeur?

Ça viendra, à n'en pas douter.

D'autre part, qui veut faire mourir la planète en naviguant sur internet ou en regardant la télé?

Personne, bien sûr.

Dans les deux cas, internet et télé (comme dans celui de la fumée «tertiaire»), l'effrayante information provient de savants hommes de science, dont les objets de recherche ne cesseront jamais d'étonner. C'est d'ailleurs pour cette raison qu'il existe des prix IgNobel, destinés à récompenser les thèses scientifiques les plus surprenantes. Sur l'amplitude comparée des sauts de puces de chats et de chiens, par exemple, ou sur les effets secondaires de l'ingestion de sabres.

Certes, il est raisonnable que chacun travaille à réduire son «empreinte écologique» - que l'on peut calculer sur plusieurs... sites web. Et, de fait, le réseau internet et la télé consomment de l'énergie.

Mais ces deux véhicules, qui sont de loin les plus économes en matière énergétique par rapport aux autres outils de transport, sont également les plus formidables convoyeurs de connaissance et d'intelligence (de même que d'abrutissement et de stupidité, puisqu'ils sont nos fidèles créatures) que l'humanité ait connus.

À moins de décréter qu'une Terre idéale serait celle où il n'y aurait pas d'êtres humains, ce que certains n'hésitent pas à faire, il faudrait peut-être diriger ailleurs nos scrupules victoriens.

mroy@lapresse.ca