L'hiver s'est abattu sur Montréal, cette semaine, plongeant la ville dans le chaos. L'heure de pointe de mardi soir a été dantesque. Hier, deux jours plus tard, la circulation demeurait infernale - sans parler des places de stationnement, squattées par des banquises.

Mais tout ça s'explique, bien sûr. Il y a la neige, d'abord: s'il ne neigeait pas, ça irait beaucoup mieux pour le déneigement. Les voitures, ensuite: c'est à la campagne qu'elles devraient rouler sur les heures de bureau, pas en ville. Et les côtes, vicieusement en pente. Et les délinquants du pneu ou du no-parking-19/7. Et les errements de la météo. Et la machinerie capricieuse. Et ses opérateurs, qui ont bien le droit d'aller se sustenter chez la Mère Clavet...

 

D'accord, d'accord.

Maintenant. Ça fait mille milliards d'années qu'il neige ici. Dans la soupe originelle (glacée) de Repentigny, les premiers protozoaires faisaient du patin. Au crétacé, les dinosaures d'Ahuntsic chaussaient des raquettes. Les autochtones outremontais du Xe siècle maniaient des pelles en queue de castor. Le sieur de Maisonneuve a fait des bonshommes de neige dans la rue de la Commune. Alors, bon dieu de bon sang, ses successeurs devraient subodorer ce qui va nous tomber dessus au début de décembre, non?

Montréal n'est plus capable de faire grand-chose, on le sait, pas de problème. Mais plus capable de déneiger?

Ça, ça nous scie le sapin.

mroy@lapresse.ca