Le cabinet irakien a approuvé, hier, un accord de sécurité prévoyant le retrait total des troupes américaines du pays en décembre 2011 «quelle que soit à ce moment-là la situation sur le terrain», a précisé un porte-parole du gouvernement de Bagdad. Les 275 membres du parlement doivent se prononcer sur cette entente d'ici huit jours: il est probable qu'elle sera ratifiée, les deux principaux partis, chiite et kurde, à eux deux majoritaires, s'étant prononcés en faveur de la version finale de l'accord.

Négocié - parfois âprement - depuis mars dernier, celui-ci est destiné à remplacer le cadre juridique qui régit la présence américaine en Irak et qui tient, jusqu'au 31 décembre 2008, à un mandat accordé par l'ONU.

 

Mais, en réalité, le nouveau pacte de sécurité est beaucoup plus ambitieux.

Outre le retrait total des troupes américaines en 2011, il prévoit que celles-ci se retireront des villes importantes de l'Irak dès l'été prochain; qu'elles seront placées, tout comme leurs bases, sous l'autorité du gouvernement irakien; qu'elles n'auront plus le droit d'effectuer des raids dans des résidences sans l'autorisation expresse d'un juge et du gouvernement; qu'elles légueront aux Irakiens la garde des 16 000 prisonniers sous leur contrôle.

L'accord prévoit aussi que des poursuites criminelles pourraient en certains cas être engagées contre des soldats ou agents de sécurité américains et il fixe des calendriers précis - toutes choses que Washington a, jusqu'à la dernière minute, refusé d'envisager.

En fait, l'accord de sécurité modifie de façon substantielle la dynamique du conflit irakien.

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Jusqu'à quel point cette souplesse nouvelle, surtout de la part des Américains, possède-t-elle un lien avec le fait que la Maison-Blanche aura un nouveau locataire dans deux mois?

Difficile à dire.

Mais le «plan Obama», qui prévoit le retrait des troupes à l'été 2010, n'est pas incompatible avec le nouvel accord, lequel mise sur une implication plus rapide et plus massive des soldats et policiers irakiens dans la sécurité du pays. Ils sont théoriquement 820 000 et graduellement mieux équipés; on prévoit que, fin 2008, 15 des 18 provinces irakiennes seront sous leur contrôle. Pendant ce temps, l'implication américaine, elle, diminue: il ne restera à la fin de l'année que 14 des 20 brigades combattantes qui se trouvaient en sol irakien lors du renforcement de la contre-insurrection (le fameux «surge»), en 2007.

Sur un autre angle, l'accord est plutôt bien accueilli par l'Iran, qui peut espérer une relation moins tendue avec les États-Unis sous Barack Obama. Officiellement hostile à tout pacte bilatéral, Téhéran a laissé sa télévision d'État féliciter, hier, le gouvernement al-Maliki pour «sa capacité à faire prévaloir ses points de vue» en obtenant des concessions des Américains. En outre, l'Iran n'a pas fait jouer son influence auprès de nombreux ministres irakiens dont la dissidence éventuelle aurait pu bloquer l'entente.

Au total, le nouvel accord de sécurité installe à la fois un esprit et un scénario qui ouvrent des possibilités au nouveau président américain si, comme il l'a indiqué, il désire hâter la fin de l'absurde mission dont il hérite.