Il est inutile, tant elle a été psalmodiée, de reprendre la liste des défis qui attendent Barack Obama lorsque, le 20 janvier, il deviendra le 44e président des États-Unis d'Amérique. C'est simple : tout est à rebâtir. En posant le pied dans le bureau Ovale, Obama devra donc beaucoup apprendre, beaucoup jauger, beaucoup décider. Et ce, au risque de se noyer dans un court terme qui, s'il n'y prend garde, pourrait dévorer la totalité de son attention.

Or, il a aujourd'hui un mandat fort. Même l'électorat blanc, réputé réfractaire, l'a appuyé à hauteur de 43 % : c'est égal ou supérieur à ce que les démocrates ont récolté depuis 20 ans (entre 39 % et 43 %). Son parti a dorénavant des majorités importantes dans les deux chambres du Congrès. Surtout, il a la force de la confiance et de l'espoir qu'on met en lui.De sorte que... yes, he can !

Barack Obama a joué d'audace en se portant candidat à l'investiture démocrate, puis à la présidence. Il doit agir de même pour relancer son pays.

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Dans la pire situation réside une occasion. Avec une pointe d'ironie, on peut affirmer que l'Amérique se trouve dans cette situation... idéale.

L'économie réelle est grièvement blessée. Quelque 1,2 million d'emplois ont été perdus à ce jour en 2008. Les géants de l'automobile, qui connaissent leur pire période depuis un demi-siècle (une baisse de 45 % des ventes chez GM), mettent à pied et redoutent les huissiers. Le déficit national atteindra les 1000 milliards US en 2008. La dépendance aux énergies fossiles (86,2 % de l'approvisionnement), en particulier au pétrole, est devenue stratégiquement et économiquement intenable. La pression est forte pour réformer le système de consommation énergétique... et de consommation en général : moins de bébelles, plus de services essentiels.

Qu'on croie ou non aux scénarios apocalyptiques, la nécessité de combattre la pollution est pressante.

Tout cela pointe dans une seule direction : l'«invention» d'une nouvelle économie. Comme la machine à vapeur a créé la société industrielle au XIXe siècle. Comme les puces de Silicon Valley ont créé la société numérique à partir des années 70.

Le défi et l'occasion sont de la même ampleur.

Or, cela, Washington ne peut pas le faire. Mais l'administration américaine peut user de tout son poids moral retrouvé et instaurer les conditions favorables pour que cette nouvelle économie émerge. La crise financière a en effet rappelé que l'action - ou l'inaction - de l'État peut orienter l'économie dans une direction ou une autre, la spéculation ou la production, l'imitation ou l'invention. En outre, malgré la montée d'autres géants technologiques et industriels, surtout en Asie, les États-Unis demeurent la seule nation où une révolution de ce type, fondée sur un nouveau bond en avant de la science et de la technologie, puisse être initiée au bénéfice de la planète entière.

Avant même d'entrer à la Maison-Blanche, Barack Obama est passé à l'Histoire. Il peut maintenant s'y assurer une place exceptionnelle par sa vision.

Et par son audace.