L'organisation de défense des droits des animaux PETA est connue pour ses coups d'éclat. Elle vient d'en donner une nouvelle illustration en intentant aux États-Unis une poursuite qui paraît, de prime abord, complètement surréaliste.

Ses avocats demandent à un tribunal de San Francisco de reconnaître qu'un macaque - apparemment connu sous le nom de Naruto - est le détenteur légitime des droits d'auteur d'une série de singuliers « selfies » pris en Indonésie en 2011.

Le singe, qui vit sur l'île de Sulawesi, s'est emparé à l'époque d'un appareil du photographe David Slater et a commencé à le manipuler, prenant dans le processus plusieurs surprenantes photos de lui-même, qui ont été commercialisées.

PETA maintient que ledit Naruto est le détenteur légitime des droits d'auteur de ces photos et demande que leurs retombées économiques profitent à sa « communauté de macaques » plutôt qu'à M. Slater.

De l'avis de plusieurs juristes, la cause est bancale et fera long feu. Les lois sur les droits d'auteur, relèvent-ils, ont été conçues pour les êtres humains, non pour les animaux. Et les clichés en question ne répondent pas aux critères d'originalité inhérents à l'attribution de ces droits.

PETA, qui fustige toute forme d'exploitation animale et préconise le véganisme, cherche à en arriver par sa démarche à ce que les tribunaux reconnaissent les animaux comme des « personnalités juridiques » à part entière, dotées de droits fondamentaux.

L'organisation avait tenté en vain une procédure similaire en 2012 au nom de cinq orques en captivité en évoquant les dispositions de la constitution interdisant l'esclavage.

Plus récemment, une autre organisation s'est adressée sans succès à un tribunal new-yorkais pour obtenir la libération de deux chimpanzés supposément victimes de « détention arbitraire ». Là encore, l'idée d'étendre aux animaux des dispositions législatives conçues pour les humains a été rejetée.

Ces initiatives rappellent une époque lointaine où des animaux ont été confrontés à des tribunaux ecclésiastiques et civils, en France et ailleurs, en raison non pas de leurs droits, mais de leurs responsabilités alléguées.

Des procès élaborés en excommunication ont notamment été tenus au Moyen Âge contre des rats et des charançons qui faisaient des ravages.

Aujourd'hui, l'évolution des connaissances scientifiques sur les animaux, et plus particulièrement les primates, fait en sorte que la population est sensible à l'idée de mieux baliser juridiquement leur statut et leur traitement.

La volonté de PETA d'en faire des personnalités juridiques à part entière va cependant bien au-delà de ce que la société est prête à envisager pour l'heure et serait lourde de conséquences, notamment sur le plan de l'alimentation.

L'intervention de l'organisation sur la question des droits d'auteur risque de s'avérer contre-productive dans la mesure où elle détourne la conversation de questions légitimes portant, par exemple, sur les pratiques d'élevage et la recherche dans les laboratoires.

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