Préparant de grands travaux de réfection de la rue Sainte-Catherine Ouest, la Ville de Montréal a décidé de consulter ses citoyens, leur demandant de repenser la grande artère commerciale.

La réponse ne s'est pas fait attendre. Depuis la mi-juin, quelques centaines de Montréalais mettent de l'avant leurs suggestions et se permettent de rêver tout haut une « Sainte-Cath » bien différente. Tous s'entendent pour dire que la légendaire rue a besoin d'une cure de jeunesse. Difficile de les contredire.

Comment mettre Sainte-Catherine sur son 36 ? Les premiers rêvent d'une rue piétonne 365 jours par année. Les seconds veulent de plus larges trottoirs, mais craignent qu'une éventuelle disparition de la circulation et du stationnement ne lance les consommateurs dans les bras des complexes DIX30 de ce monde.

À la base, un même enjeu revient sans cesse : auto ou pas auto. Un côté du débat voit l'automobile comme une nuisance, les seconds comme une fatalité nord-américaine.

Et si la réponse réconciliait ces deux camps ? Sainte-Catherine Ouest pourrait devenir une magnifique rue piétonne, tout en offrant à proximité un plus grand nombre de stationnements abordables et des mesures atténuantes pour les livraisons et les personnes à mobilité réduite.

Il suffit d'aller piquer quelques bonnes idées ailleurs, comme l'ont suggéré bon nombre de Montréalais ayant participé à la consultation sur saintecath.ca.

Expert en revitalisation urbaine, Mario Polèse, de l'Institut national de recherche scientifique, explique qu'une piétonnisation est possible lorsqu'une rue se trouve dans un milieu de vie riche, qui ne se limite pas à une série de commerces. C'est le cas de Sainte-Catherine Ouest, qui est le lieu de travail de milliers de Montréalais, et sur laquelle on retrouve les universités McGill et Concordia. Plusieurs rues avoisinantes sont aussi habitées et le seront davantage lorsque les nouveaux condos du secteur auront des locataires.

Selon ces critères, Sainte-Catherine pourrait ressembler, à moins grande échelle, à la grande avenue piétonne Istiklal d'Istanbul, tout aussi vibrante que le quartier qui l'entoure. On y voit de l'activité 24 heures sur 24. Restaurants, boutiques, écoles, bureaux et commerces de tous genres s'y côtoient.

On pourrait aussi prendre exemple sur une autre rue Sainte-Catherine, celle de Bordeaux. Grâce à des transpondeurs qui font disparaître les barrières à la circulation, les camions de livraison et les véhicules d'urgence peuvent faire leur travail sur la rue piétonne.

Pour garer les voitures, plusieurs solutions s'offrent à Montréal. D'abord, des stationnements pour personnes à mobilité réduite peuvent être établis aux coins des rues transversales. À Denver, où la 16e rue est piétonne, les clients peuvent à l'avance réserver une place et reçoivent un rabais s'ils font des achats dans la zone. Les stationnements additionnels n'ont pas à gâcher le paysage. Les tours de stationnement Marina ont l'air de gigantesques fleurs blanches dans la silhouette urbaine de Chicago.

Sainte-Catherine Ouest a tout intérêt à s'inspirer du monde si elle veut à nouveau inspirer les Montréalais.

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