En recevant le ballon de la Coupe du monde, dimanche, Vladimir Poutine a souri pour une rare fois. En serrant la main du président de la FIFA, il a promis que son pays tiendra en 2018 un «festin de soccer inoubliable».

Les Russes, plus friands de hockey que du ballon rond, ne sont pas près d'oublier la facture de 21 milliards qu'ils épongeront pour construire des stades gigantesques dans des villes comme Ekaterinbourg et Saransk. Le Mondial sera certainement plus mémorable pour leur président qui ne reculera devant rien pour démontrer la puissance retrouvée de son pays.

La passation du ballon à la Russie a confirmé une tendance lourde dans le choix des pays hôtes des grands événements sportifs internationaux: les régimes autoritaires ont la cote.

Après la Russie, qui vient d'annexer la Crimée, c'est le Qatar qui hébergera le Mondial. Une enquête du journal britannique The Guardian a démontré que des dizaines de travailleurs népalais sont déjà morts dans la construction des infrastructures pour la compétition. Leurs conditions de travail équivalent à de l'esclavage moderne. Pas exactement le royaume des droits de la personne, le Qatar.

De plus, des allégations de corruption dans la sélection de ces deux destinations pèsent sur la FIFA. Un rapport sur la question est attendu dans les prochaines semaines.

Démocraties réticentes

Le Comité olympique international est dans les mêmes draps. Trois pays seulement sont encore en lice pour les Jeux d'hiver de 2022, dont la Chine et le Kazakhstan, deux régimes autoritaires.

Partout où les citoyens ont été appelés à se pencher sur la possibilité d'accueillir ces Olympiques, ils ont dit non. La sociologue torontoise Helen Lenskyj, qui vient tout juste de publier un livre sur les Olympiques de Sotchi, note que les Européens en particulier voient d'un mauvais oeil la facture salée, la dette publique et les dérangements multiples qui accompagnent ces événements en échange d'infrastructures, surtout sportives, qui bénéficient à d'infimes minorités. En guise d'exemple, elle cite le vélodrome de Montréal, reconverti en Biodôme depuis. La crainte de la gronde populaire fait reculer plus d'un gouvernement.

Du coup, la FIFA et le CIO deviennent des alliés naturels de régimes ambitieux qui n'ont pas peur de s'embarrasser de quelques éléphants blancs et de réprimer les vagues de protestation.

Ce mariage de raison ne fait pas l'affaire de tout le monde. Plusieurs commanditaires des Jeux de Sotchi n'ont pas aimé être mêlés aux politiques homophobes de la Russie et hésiteront à soutenir d'autres Jeux qui baigneront dans la controverse. Une bonne dose de démocratie et de respect des droits humains reste le meilleur gage pour un événement international réussi, n'en déplaise à Vladimir Poutine.

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