La donnée a de quoi causer une petite commotion dans les labos: le nombre de rétractations dans les revues scientifiques à travers le monde pourrait atteindre le nombre de 500 cette année seulement. Soit 25 fois plus qu'à la fin des années 1990!

Dans certains cas, il s'agit de corrections soumises par les auteurs eux-mêmes après révision de leurs travaux. Mais dans de nombreux cas, il s'agit carrément de plagiat ou de pseudo-découvertes. Selon le blogue Retraction Watch, qui collige toutes les rétractations des publications scientifiques, une révision sur dix concerne un article mensonger.

Pourquoi autant de rétractations? S'agit-il de la conséquence de travaux bâclés dans la course à la célébrité scientifique pour mettre la main sur des fonds de recherche de plus en plus limités? Ou d'une plus grande vigilance et transparence des publications scientifiques qui ont parfois fait preuve de laxisme par le passé? Ou d'une plus grande intolérance du milieu scientifique envers des collègues peu scrupuleux?

Probablement un peu de tout ça. Les cas de fraude scientifique se sont multipliés ces dernières années. L'un des cas les plus percutants est probablement celui d'Andrew Wakefield, ce chercheur britannique qui avait affirmé, dans un article paru dans The Lancet en 1998, avoir trouvé un lien de cause à effet entre le vaccin contre la rougeole-rubéole-oreillons et l'autisme chez les enfants. 

Un peu partout en Occident, mais particulièrement en Grande-Bretagne, cette «découverte» a engendré une baisse du taux de vaccination.

Quinze ans plus tard, des enquêtes ont démoli les affirmations du chercheur et The Lancet a retiré l'article de ses archives. Mais le mal est fait. Au printemps dernier, une éclosion de rougeole au Pays de Galles a touché près de 1300 personnes non immunisées, surtout des enfants et adolescents...

Tous les cas de fraude scientifique n'ont pas un impact social aussi grand que les travaux frauduleux d'Andrew Wakefield. Mais l'accumulation de rétractations mine la confiance de la population, des gouvernements et de l'entreprise privée - pourvoyeurs des fonds de recherche - envers les scientifiques.

Pour combattre la fraude scientifique, les institutions et les gouvernements, dont le Canada, ont surtout misé sur la sensibilisation des chercheurs à l'éthique et la dénonciation par les pairs. Mais la Grande-Bretagne s'apprête à pousser un peu plus loin le combat pour l'intégrité: selon le journal The Independent, le gouvernement britannique a l'intention de punir une institution dont l'un des chercheurs est reconnu coupable de tricherie en la privant de millions de livres sterling en subventions publiques de recherche.

C'est un pari audacieux pour protéger la réputation de la science made in Britain. Ainsi, une université britannique ne pourra pas simplement se débarrasser d'un chercheur tricheur et continuer à recevoir des fonds publics comme si elle n'avait rien à se reprocher. Responsabiliser l'institution autant que ses chercheurs? Une idée qui mérite d'être examinée de ce côté de l'Atlantique.