Google veut «légaliser l'amour». Peu importe qu'il soit hétéro, homo, bi ou transgenre, ou qu'il soit célébré dans la Silicon Valley californienne, dans une cité asiatique en plein boum ou dans une contrée européenne conservatrice. L'amour pour tous, et surtout hors des heures de travail.

Si, dans des sociétés comme la nôtre, l'orientation sexuelle est parfois plus difficile à vivre au travail qu'en société, Google indique que certains de ses employés vivent exactement la situation inverse. La multinationale californienne a une charte très claire en matière d'égalité envers tous ses employés, peu importe leur orientation sexuelle. Mais ces employés doivent parfois entrer dans le placard dès qu'ils quittent le bureau.

Voilà pourquoi, a annoncé samedi Google, l'entreprise lance la campagne mondiale «Legalise Love» pour lutter contre l'homophobie et promouvoir la décriminalisation de l'homosexualité. Elle veut que les employés de ses 60 bureaux «aient droit à la même acceptation hors du bureau que celle qu'ils ont au travail».

Et Google ne compte pas prêcher qu'à des convaincus: les premiers pays visés par la campagne seront la catholique Pologne (où un sondage de 2009 indique que 75% de la population est opposée au mariage gai) et l'ambitieuse Singapour.

Cette dernière, a expliqué Mark Palmer-Edgecumbe, de Google, veut se hisser à la tête des grands centres financiers mondiaux. «Nous pouvons insister sur le fait qu'être un leader mondial signifie que vous devez traiter toutes les personnes de la même façon, peu importe leur orientation sexuelle.»

Les relations sexuelles entre hommes sont toujours illégales à Singapour. Mais les temps changent. Le rassemblement de la fierté gaie Pink Dot avait réuni 2500 personnes en 2009. Le 30 juin dernier, ils étaient 15 000.

C'est encore peu, considérant les 5 millions de personnes que compte cette cité État. Mais l'appui que vient donner Google à la cause pourrait donner des ailes à ceux qui la portent.

Il faudra observer comment la campagne du géant de l'internet sera reçue hors du réseau, au coeur même de ces sociétés que Google souhaite bousculer. Comment réagiront les Polonais, les Singapouriens et tous les autres devant ces valeurs libérales promues chez eux par une entreprise étrangère aussi influente?

D'autres ont opté pour des mesures plus discrètes. Depuis un mois, Facebook et Apple offrent à leurs abonnés des pictogrammes pour décrire leur situation amoureuse - un homme et une femme, deux hommes ou deux femmes. Au-delà de la simple image, ces pictogrammes attestent de l'existence des conjoints de même sexe au même titre que les autres couples auprès de personnes tentées de diaboliser ce genre d'union.

Mais s'afficher en ligne est une chose. L'initiative de Google a l'avantage de s'extirper de la réalité virtuelle pour se frotter à la vraie vie. Il faut s'en réjouir.