Depuis plusieurs mois, les républicains recherchaient désespérément un candidat qui avait assez de panache pour déloger Barack Obama de la Maison-Blanche.

Jusqu'à la fin novembre, Mitt Romney s'est maintenu tant bien que mal en tête, même si ses appuis dépassaient à peine 20%. L'ex-gouverneur du Massachusetts a successivement résisté aux ascensions aussi météoriques qu'éphémères des candidats ultraconservateurs Michele Bachmann, Rick Perry et Herman Cain. Sa performance constante laissait présager qu'il remporterait l'investiture de son parti en vue des présidentielles de 2012.

Mais les républicains ne veulent pas de Mitt Romney, pourtant le candidat le plus susceptible de vaincre le président sortant. Oui, il a très bien réussi en affaires. Oui, aucun scandale ne le hante. Mais il ne loge pas assez à droite du spectre politique. Trop fade, sans grand charisme.

Le GOP a, semble-t-il, finalement dégoté son candidat anti-Romney. Et, surtout, anti-Obama. L'ancien président de la Chambre des représentants Newt Gingrich a surpris la classe politique américaine en profitant du retrait de Herman Cain pour doubler Mitt Romney et prendre les commandes. Les maisons de sondage le créditent même d'une priorité de 20 points dans plusieurs États. À trois semaines du caucus de l'Iowa, le premier à se prononcer, son timing ne pouvait mieux tomber.

Le vieux routier du Congrès, âgé de 68 ans, s'avère un redoutable debater qui passe mieux la rampe que Mitt Romney auprès de la frange du Tea Party, sans y être associé.

Newt Gingrich sera-t-il lui aussi un feu de paille, comme ses adversaires qui se sont cassé les dents? Il ne faudrait pas compter là-dessus. Samedi soir, lors de son premier débat à titre d'aspirant sérieux à l'investiture, il a fermement et calmement rétorqué au feu nourri de ses adversaires. Va-t-il jouer à Mitt Romney le même tour que celui que Barack Obama a joué à Hillary Clinton, qui semblait voguer vers une victoire certaine à l'automne 2007?

Minutieusement préparé à affronter Mitt Romney qu'il redoutait plus que les autres candidats républicains, le président Obama préférerait d'emblée se frotter à Newt Gingrich, dont le penchant conservateur pourrait effrayer les électeurs indépendants.

Le camp démocrate aura l'embarras du choix pour ternir l'image de M. Gingrich. À commencer par l'amende record de 300 000$ que le Congrès lui a infligée pour manquement à l'éthique en 1998. Et que dire de son rôle de lobbyiste pour le compte de Freddie Mac qui lui aurait rapporté plus de 1,6 million juste avant l'effondrement du marché immobilier?

Les républicains sont confrontés à un dilemme. Ou bien ils choisissent à contrecoeur Mitt Romney le mal-aimé, mais peuvent espérer reprendre le contrôle de la Maison-Blanche. Ou ils se font plaisir en couronnant Newt Gingrich, au risque d'offrir un second mandat sur un plateau d'argent à Barack Obama.