Si la flamme olympique s'est éteinte hier à Vancouver, il faut prendre garde que le financement des athlètes canadiens ne subisse pas le même sort.

Le ministre fédéral d'état aux Sports, Gary Lunn, a laissé entendre la semaine dernière que le programme «À nous le podium» ne pourra compter sur un coup de pouce supplémentaire du gouvernement Harper dans son budget qui sera déposé jeudi. Si son collègue des Finances, Jim Flaherty, confirme le statu quo, l'élite sportive canadienne sera privée de 11 millions par année, la moitié de ses deniers.

 

Au cours des cinq dernières années, une enveloppe de 110 millions, dont 50% provenaient des goussets du fédéral, a été investie pour fournir le maximum de moyens à nos meilleurs athlètes en prévision des Jeux de 2010. Les entreprises partenaires des Jeux et des gouvernements provinciaux ont allongé les 55 autres millions, mais leur engagement retombe presque à zéro au lendemain des Jeux.

Le gouvernement fédéral doit-il reprendre seul le flambeau et assumer ces 11 millions par année, en plus de sa part? Oui, assurément. Sinon, «on va perdre notre élan», a déclaré à juste titre le médaillé d'or en ski acrobatique, Alexandre Bilodeau.

Les craintes manifestées dans la première semaine des Jeux n'étaient finalement pas fondées: le Canada n'a pas déçu ses partisans avec ses 26 médailles (2 de plus qu'à Turin). Et, en prime, il remporte la palme au classement des médailles d'or (14). Mais au-delà des podiums, nos athlètes se sont montrés compétitifs dans presque toutes les disciplines. Cette progression n'aurait pas été possible sans l'injection de fonds supplémentaires. Ce serait vraiment dommage, voire inacceptable, de couper les vivres en si bon chemin.

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Construire un contingent d'athlètes de premier plan ne se fait pas en un tournemain. Le talent et la détermination ne suffisent pas pour atteindre le sommet. Ces compétiteurs de classe mondiale doivent être entourés d'entraîneurs de pointe, mais aussi de physiothérapeutes, psychologues, nutritionnistes et massothérapeutes. Sans la mise à niveau du fédéral, ce sont des centaines d'emplois de soutien aux athlètes qui s'envoleront en fumée.

De Joannie Rochette à Alex Harvey en passant par Clara Hughes, ces athlètes d'exception sont des modèles d'inspiration pour nos jeunes... et nos moins jeunes. Non seulement créent-ils un fort sentiment de fierté, mais ils nous incitent à bouger davantage. Cela justifie amplement les 33 cents supplémentaires par habitant que le gouvernement fédéral serait appelé à débourser pour maintenir le budget dans son intégralité.

Évidemment, Ottawa est confronté à des choix déchirants pour éliminer son lourd déficit. Mais il faut trouver un moyen d'y parvenir sans pénaliser nos athlètes de haute performance. Il en va de la responsabilité du gouvernement d'assurer un appui financier indéfectible à ces ambassadeurs qui contribuent au rayonnement du Canada dans les compétitions internationales.