Les remontrances du premier ministre chinois Wen Jiabo à l'endroit de son homologue Stephen Harper ont fait beaucoup de bruit. Geste inhabituel dans les sphères de la haute diplomatie, la gifle était pleinement méritée. Les racines conservatrices de M. Harper l'ont poussé à continuellement reporter sa première visite officielle en sol chinois pour des motifs idéologiques. Quatre ans d'attente, c'était à la fois incompréhensible et inadmissible.

Les remontrances du premier ministre chinois Wen Jiabo à l'endroit de son homologue Stephen Harper ont fait beaucoup de bruit. Geste inhabituel dans les sphères de la haute diplomatie, la gifle était pleinement méritée. Les racines conservatrices de M. Harper l'ont poussé à continuellement reporter sa première visite officielle en sol chinois pour des motifs idéologiques. Quatre ans d'attente, c'était à la fois incompréhensible et inadmissible.

Sous les gouvernements libéraux, le Canada entretenait des liens étroits, tissés de longue haleine, avec l'empire du Milieu. Depuis l'accession des conservateurs au pouvoir en 2006, les relations sino-canadiennes se sont effritées, gracieuseté de M. Harper qui a choisi la ligne dure sur la question des droits humains, reçu le dalaï-lama et boudé les Jeux de Pékin.

Pendant cette période, la Chine a considérablement accru sa puissance économique et ses échanges extérieurs, au point de bientôt devancer le Japon au deuxième rang, tout juste derrière les Américains. Alors que le principal partenaire du Canada, les États-Unis, sombrait dans une grave récession, la Chine a surfé sur la crise et est devenu un allié de choix. Mauvais calcul tactique du Canada.

Cela dit, tout n'est pas perdu. Il ne faudrait pas exagérer la portée de la taloche que le Canada a reçue du géant chinois. Malgré les maladresses du gouvernement conservateur, la Chine ne boudera pas le Canada pour autant. Comme l'a souligné avec justesse M. Harper devant un parterre d'hommes chinois vendredi, il «est clair qu'au XXIe siècle, le commerce trans-Pacifique contribuera de plus en plus à la croissance économique» des deux nations.

Afin que leur économie poursuive une progression annuelle qui frôle les 10%, les Chinois auront besoin de combler leur appétit grandissant en ressources. Or, comme on le sait, le Canada regorge de pétrole et de métaux dans son sous-sol. Notre pays est d'autant plus attrayant qu'il est propice aux investissements: un système politique stable qui encourage les sociétés étrangères à venir y faire des affaires. Ainsi, il est moins risqué pour un fonds chinois d'acquérir une compagnie au Canada, plutôt qu'au Venezuela, où elle pourrait se faire nationaliser soudainement sur ordre de Hugo Chavez.

Il faut donc s'attendre à ce que les sociétés d'État chinoises intensifient leur participation dans des sociétés canadiennes au cours des prochaines années pour sécuriser leur approvisionnement en matières premières.

Le dégel des relations a déjà produit des effets positifs pour notre agriculture. La levée de l'interdiction de l'importation de porc canadien a de quoi réjouir les producteurs québécois, dont 7% des exportations prenait autrefois la direction de la Chine.

L'autre bonne nouvelle touche directement notre industrie touristique. En devenant (après quatre ans d'attente) une destination touristique approuvée par les autorités chinoises, le Canada pourrait profiter d'une manne supplémentaire de 100 millions de dollars. L'affluence de touristes chinois pourrait compenser partiellement le fléchissement du nombre de visiteurs américains, que la récession et la remontée spectaculaire du huard ont incités à ne pas traverser la frontière.

Le Canada importe présentement quatre fois plus de produits chinois qu'il n'en exporte. Maintenant que les deux nations ne se regardent plus comme des chiens de faïence, croisons-nous les doigts pour que les marchandises fabriquées chez nous parviennent à se frayer un chemin plus facilement jusqu'en Chine.