Américains et Chinois ont conclu hier une conférence de deux jours visant à favoriser le dialogue entre les deux géants sur les questions économiques et stratégiques. Un genre de G2, quoi.

Ce mini-sommet a eu lieu à Washington alors que le pire de la récession mondiale semble chose du passé. Toutefois, toucher le fond du baril n'est pas synonyme de reprise, loin de là. C'est dans ce contexte fragile que les deux superpuissances cherchent à favoriser une reprise de croissance durable qui serait basée sur un meilleur équilibre des échanges commerciaux.

 

Pour stimuler le dialogue, les deux pays ont pris soin d'éviter les pommes de discorde. En constatant d'abord que les programmes de relance commencent à porter leurs fruits. C'est davantage vrai en Chine, où le gouvernement autocratique a pu implanter beaucoup plus rapidement son ambitieux programme d'infrastructures.

Les Américains doivent épargner davantage, les Chinois doivent consommer plus: les deux pays s'entendent sur le principe. Aux États-Unis, c'est bien parti. Le taux d'épargne des Américains, dont l'actif s'est effondré de 14 000 milliards, est passé de presque zéro, ces dernières années, à 7% en 2009. Mais ce n'est pas demain matin que les fourmis chinoises, qui bénéficient d'un filet social précaire, se transformeront soudainement en cigales dépensières.

Le président Barack Obama rêve d'une Amérique qui exporterait davantage ses produits en Chine. Ça tombe bien, le billet vert est faible, mais le gouvernement chinois doit d'abord donner libre cours à l'appréciation de son yuan. Ce à quoi il n'est pas disposé pour l'instant, compte tenu de la dégringolade dramatique de ses exportations depuis le début de la crise.

D'autant qu'une bulle guette la Chine. Pour stimuler la consommation intérieure en attendant une reprise vigoureuse de ses exportations, l'Empire du Milieu a incité les banques à ouvrir les vannes. Résultat: la valeur des propriétés a grimpé de 27% à Pékin en seulement six mois. Les ventes à l'étranger devront bientôt prendre le relais, sous peine d'une surchauffe de l'économie.

Autre souci de la Chine: la valeur de ses énormes réserves en dollars américains, dont 800 millions en bons du Trésor. Le déficit américain, qui devrait exploser à 1840 milliards cette année, fait chuter le dollar et risque de provoquer de l'inflation. Wall Street craint, avec raison, le désintérêt graduel des Chinois, qui ont déjà commencé à diversifier leurs avoirs. Sans entrer dans les détails, le secrétaire américain au Trésor, Tim Geithner, a assuré ses invités chinois que les États-Unis avaient un plan pour dégonfler leur dette astronomique.

La recrudescence des mesures protectionnistes a aussi creusé le fossé entre les deux pays. Fin juin, les États-Unis ont porté plainte à l'OMC contre les quotas chinois sur les matières premières. Pékin a aussitôt riposté en dénonçant l'embargo américain sur la volaille chinoise.

Tous ces différends devraient faire l'objet de pourparlers au cours des prochains mois. Espérons que des pistes de solution auront été dégagées lorsque le président Obama rendra visite à son homologue chinois, Hu Jintao, plus tard cette année.

Les États-Unis et la Chine ont grandement intérêt à aplanir leurs divergences. Il y va de leur bien-être économique, mais également de celui du reste de la planète. Les deux géants sont condamnés à s'entendre.

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