Notre système de santé est sollicité au maximum, il craque de partout. Les coûts sont appelés à exploser avec le vieillissement accéléré de la population dans la prochaine décennie. Comment éviter une rupture de services?

Après son incroyable épopée de 1000 km à vélo en deux jours, le triathlonien Pierre Lavoie a martelé un message qui se veut une avenue de solution à la fois simple et efficace pour réduire les besoins en soins médicaux: si les Québécois bougeaient davantage et mangeaient mieux, ils seraient malades moins souvent.Les bienfaits de l'activité physique ne font pas de doute. Moins de troubles cardiaques, de cancers, de dépression. Un corps en forme réagit mieux au stress.

Alors, comment convaincre les Québécois sédentaires de sortir de leur léthargie, comment les aider à négocier ce virage vers le mieux-être? La sensibilisation, c'est un bon départ. Kino-Québec fait déjà son bout de chemin. Mais il faut aller plus loin.

Le gouvernement québécois doit prendre le taureau par les cornes. Il doit lancer un signal sans équivoque que la santé des Québécois passe d'abord par la prévention: il doit adopter un plan d'action qui prévoit des mesures incitatives financières qui favoriseront la participation des Québécois de tous âges à des activités sportives.

Un enfant sur quatre est obèse ou fait de l'embonpoint au Québec. Les jeunes font en moyenne à peine plus d'une heure d'éducation physique par semaine à l'école. C'est nettement insuffisant pour insuffler le goût de bouger. Le ministère de l'Éducation devrait s'assurer que tous les élèves du primaire et du secondaire font au moins une demi-heure par jour d'activité physique. Des fonds supplémentaires devraient être consacrés spécifiquement à la réalisation de cet objectif. Cette séance quotidienne obligatoire devrait s'ajouter à la journée de classe régulière, et non remplacer une matière. Pourquoi pas pendant l'heure du dîner?

Près de la moitié des adultes ne font pas assez d'activité physique. Les entreprises qui encouragent leurs employés à faire de l'exercice sur les lieux de travail méritent un coup de pouce financier. Québec devrait songer à leur accorder des subventions pour l'aménagement de locaux, l'achat d'équipements sportifs et l'embauche de personnel qualifié pour organiser ces activités et motiver les troupes.

Les personnes âgées qui restent actives vivent plus longtemps en santé. Encore là, à l'instar des entreprises, les résidences de retraités devraient bénéficier d'une aide monétaire pour encourager nos têtes grises à rester en forme.

Le gouvernement Charest devrait sérieusement envisager d'abolir la TVQ sur les vêtements, espadrilles et équipements de sport, qui exigent parfois des déboursés importants.

Tous ces investissements de l'État dans la santé des Québécois seraient largement compensés par des économies encore plus grandes en soins prodigués à la population.

Outre le fait que les Québécois jouiraient d'une meilleure qualité de vie, leur portefeuille collectif s'en porterait mieux: nous serions moins nombreux à nous rendre chez le médecin, à nous faire traiter dans les hôpitaux. Se prendre en main serait notre plus grande contribution à l'allègement du fardeau intolérable qui pèse sur notre système de santé.