Mine de rien, on a assisté à une première dans la campagne, hier : une vraie grande annonce pour Montréal. Une annonce claire, précise et nécessaire destinée à Montréal... et rien qu'à Montréal.

Le PLQ a en effet promis 350 millions pour l'agrandissement du Palais des congrès, un engagement attendu et important qui tranchait enfin avec le désintérêt affiché par les partis pour la métropole depuis le début de la joute électorale.

Oui, c'est vrai, on peut avoir l'impression inverse. On peut penser que Montréal fait partie de tous les débats puisqu'il est souvent question d'immigration, de plein emploi et du fameux «Bonjour-Hi», autant de choses qui concernent au premier titre la métropole.

Mais dans les faits, les annonces ne concernent jamais véritablement Montréal. Il n'est jamais vraiment question d'aider spécifiquement Montréal. Au point où l'on peut conclure que la métropole est la grande oubliée de la campagne électorale jusqu'ici.

Les indices sont nombreux et accablants. Prenez l'itinéraire des chefs de parti. Suffit de suivre leurs bus depuis le lancement de la campagne pour réaliser qu'ils se tiennent bien loin du 514... et ça n'a rien à voir avec les cônes orange.

Une compilation produite par le journaliste Pierre-André Normandin montre en effet que le PLQ n'a fait que 6 de ses 77 annonces dans l'île de Montréal (8%). Tandis que la CAQ s'est contentée de 3 petites annonces sur 76 (4%). C'est très peu!

Le PQ et QS ont fait mieux, avec 30% de leurs annonces respectives, mais il faut dire que leurs chefs s'y présentent. Environ la moitié de leurs sorties montréalaises ont ainsi eu lieu dans leur propre circonscription, Rosemont et Sainte-Marie-Saint-Jacques. Ça ne laisse donc, encore une fois, que des miettes pour l'île.

Si les itinéraires ne disent pas tout, ils demeurent tout de même révélateurs du désintérêt de chaque parti pour la plus grande ville du Québec, censée être le moteur économique de la province, faut-il le rappeler.

Or ce désintérêt, hélas, se confirme quand on consulte la liste des promesses des uns et des autres. Pour l'essentiel, les chefs se sont limités à appuyer des projets déjà budgétés, comme la ligne bleue ou le REM, ou ils ont évoqué de grands plans pour le 450 dans lesquels on retrouve quelques éléments sans budget ni échéancier pour le 514. On cherche donc les traces d'engagements clairs et spécifiques pour Montréal.

Vous êtes sceptiques? Prenez le temps de visiter les sites web des partis. Vous réaliserez bien vite qu'on y retrouve des onglets pour les «régions» (CAQ), «nos régions» (PQ), ou encore, les «villes et régions» (PLQ)... mais rien pour Montréal comme tel. Comme s'il s'agissait d'une municipalité comme les autres.

En fait, le caractère distinct de la métropole, on le retrouve ailleurs : dans le nombre de promesses faites «contre» elle, un traitement auquel n'a pas droit Québec, curieusement.

Pensons à Lisée qui veut bloquer le REM, par exemple. Ou à Couillard qui ouvre la porte à plus d'étalement urbain. Mais c'est François Legault, de loin, qui remporte la palme des engagements à rebrousse-poil. Il entend diminuer le poids de Montréal à la CMM, au profit de la banlieue. Il compte réduire la taille du conseil municipal, même si personne ne le demande. Il s'oppose à la ligne rose, bien s'il s'agisse du projet phare de la mairesse (le tracé en surface, qui exigerait des expropriations dans sa portion est, est du grand n'importe quoi).

En fait, à regarder tout ça, on a l'impression que les partis se sont donné le mot : surtout, surtout, ne pas avoir l'air de privilégier Montréal aux dépens des banlieues, de Québec, des régions...

Et ce, même si l'Institut du Québec a bien démontré dans le passé qu'en négligeant Montréal, on néglige... les régions. Car c'est bien connu, la performance économique de la métropole tire celle du reste du Québec, et non l'inverse.

«C'est ce qu'on appelle l'effet locomotive de Montréal, deuxième en importance de toutes les grandes villes du Canada, écrit l'Institut dans un rapport sur la question. Aucune autre région ne possède une capacité comparable de tirer l'économie du Québec vers l'avant. Contrairement à certaines idées reçues, les intérêts économiques de Montréal et des régions ne s'opposent pas. Au contraire, ils convergent.»

Et pourtant, la seule chose qui converge en cette campagne électorale, c'est l'indifférence des partis pour le sort de la seule et unique métropole du Québec.

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