La Caisse de dépôt a confirmé jeudi le début de la construction du Réseau express métropolitain, une nouvelle qui devrait réjouir quiconque souhaite plus de transport en commun à Montréal.

Et pourtant, à lire les manchettes d'hier, on pourrait croire que Michael Sabia a annoncé l'implantation d'un pipeline de pétrole bitumineux en plein quartiers centraux... 

« L'appui de Plante déçoit », titre l'un. « Toujours pas le meilleur des projets », ajoute l'autre. « La Caisse nuit à Bombardier », conclut un troisième. 

Or s'il faut garder son sens critique, il faut se rappeler qu'on parle ici d'un lien rapide et fréquent qui reliera d'importants secteurs de la région. On parle d'un train électrique de 67 km qui n'émettra aucune pollution. On parle d'un réseau aussi vaste que le métro qui accélérera les déplacements dans la moitié du Grand Montréal ! 

Si l'expression mobilité durable veut dire quelque chose, en voilà une manifestation concrète. 

Ce projet a-t-il des failles, des faiblesses, des défauts ? Bien sûr.

La Baie-James qu'on applaudissait à une autre époque avait elle aussi des impacts négatifs. Mais on ne voyait pas que ça, à l'époque.

On voyait également les gains, beaucoup plus importants que les pertes. 

Et c'est ce que le débat public semble de plus en plus incapable de faire : mettre les avantages et les inconvénients dans la balance. Comparer les plus et les moins. Mettre en perspective les problèmes par rapport aux mérites des projets présentés. 

Le LabÉcole, par exemple, ne vaut rien, car l'idée est portée par un trio de « vedettes ». 

Le plan de lutte contre la pauvreté de Québec est nul, car les personnes handicapées hébergées par une ressource intermédiaire n'en profiteront pas. 

Et le REM est un projet qui ne vaut pas la peine de voir le jour, car il ajoutera un transfert aux usagers du Train de l'est... 

C'est à se demander si on peut encore applaudir les mérites d'un projet d'intérêt national en 2018 ? Ou si, au contraire, tout projet d'envergure est d'emblée condamné parce que forcément imparfait ? 

Oui, c'est vrai que les passagers du Train de l'est vont être perdants avec le REM, mais un nombre bien plus élevé d'usagers profiteront de ce service aux allures de métro qui desservira bien des secteurs. 

C'est vrai aussi que le Réseau express ne se rendra pas dans l'est de l'île, mais il va tout de même relier le centre-ville, Saint-Laurent, L'Île-des-Soeurs, l'Ouest-de-l'Île, la Rive-Sud, la Rive-Nord et l'aéroport ! 

C'est tout aussi vrai que ce train ne fera pas disparaître la congestion comme par magie, mais quiconque a déjà pris la 747 à l'heure de pointe ou un bus qui perd sa voie réservée au moindre coup de vent sur Champlain comprend la nécessité de mieux desservir ces pôles stratégiques. 

Il y a donc des défauts avec le REM, convenons-en, mais il y a aussi - et surtout - des qualités... même si on ne s'attarde qu'aux premiers. On a ainsi appris que le budget du REM a bondi (mais les gouvernements n'ont pas à mettre un sou de plus). On a lu que le projet est retardé de six mois (mais il se fera en sept ans plutôt qu'en une dizaine d'années comme les autres projets de cette taille). Et on s'est désolé que Bombardier ait été écartée (mais le contenu local représentera tout de même 65 % de la facture de 6,3 milliards). 

Comprenons-nous bien, on peut critiquer et poser des questions. En fait, soyons plus clairs : il faut critiquer et poser des questions. Il faut s'interroger sur l'impact qu'aura le nouveau tronçon aérien du projet dans le quartier Pointe-Saint-Charles. Il faut être vigilant quant à la véritable portion du projet qui sera locale. Il faut s'assurer que l'interconnexion entre les différents modes soit optimale et les tarifs, raisonnables. 

Mais ces critiques ne doivent pas être un prétexte pour balancer un projet qui a d'immenses mérites. Ces réserves ne doivent pas servir à plomber le REM, plutôt à l'améliorer. 

Bref, s'il faut garder un sens critique... il faut éviter de se limiter aux critiques.

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