À chaque nouveau sondage, la Coalition avenir Québec (CAQ) donne l'impression de s'approcher un peu plus d'une victoire électorale. Et le dernier coup de sonde réalisé par Léger ne fait pas exception : la formation de François Legault frôle les 40% alors que les libéraux descendent sous leur plancher historique de 30%.

À huit mois du jour J, la CAQ semble fédérer les mécontents de la scène politique. Des mécontents qui se comptent en grand nombre au Québec, selon l'enquête d'opinion. 

Mais on aurait tort de penser que les jeux sont faits pour autant. Si la CAQ se donne des airs de stationnement d'insatisfaits, rien ne dit qu'il s'agit d'un stationnement de longue durée. 

Au contraire, même : une lecture attentive du sondage réalisé pour Le Devoir montre que le parti de François Legault est une coalition aux pieds d'argile. La victoire l'attend peut-être... mais des écueils aussi, d'ici là. 

Prenez la volonté de changement. Elle est bien présente au Québec. Pas moins de 67% des répondants souhaitent un changement de gouvernement le 1er octobre prochain. 

Mais quand on leur demande si la CAQ est le parti qui représente le plus ce changement, à peine 34% répondent oui. C'est plus haut que les autres formations, mais rien pour pavoiser. 

Autre donnée qui pourrait jouer des tours à la Coalition : une grande majorité des électeurs réclament un réinvestissement en santé et en éducation plutôt qu'une baisse d'impôts. 

Or, la CAQ est la formation qui mise le plus sur l'«étranglement fiscal sans précèdent» des contribuables. Elle promet un «répit fiscal considérable» aux familles, en plus de s'engager à réduire la taxe scolaire. 

Qu'on soit d'accord ou non avec cette idée, force est de constater qu'elle brouille le message de la CAQ, qui se voulait jusqu'ici le champion de l'éducation. Soudainement, le nécessaire réinvestissement semble avoir changé de camp pour le Parti québécois, qui pourrait surprendre avec son positionnement social clair et assumé. 

La CAQ, pour sa part, est vue comme le parti qui veut brasser la cage, qui veut dégraisser, qui veut donner des baisses d'impôts et des primes à la procréation.

C'est bien, mais quand on creuse, on réalise que les électeurs ont une perception un peu faussée de la Coalition sur des questions aussi variées que l'environnement, les CPE et la lutte contre les inégalités, où ils lui attribuent des vertus qu'elle n'a pas. 

Lorsqu'ils s'intéresseront davantage à sa plateforme et à ses détails, finiront-ils donc par déchanter? Quand ils verront que le parti n'est le chantre ni de l'écologie ni des garderies subventionnées, lui feront-ils subir le même sort qu'en 2012, alors que la CAQ a commencé première pour terminer troisième? Reproduiront-ils le scénario de 2002, alors que l'ADQ a élu quatre députés plutôt que la soixantaine de sièges qui lui étaient promis? 

Tout est encore possible. La domination de la Coalition est si forte dans les sondages des trois derniers mois, particulièrement chez les francophones, qu'une victoire est bien possible. Mais le stationnement des insatisfaits pourrait tout aussi bien s'avérer être un stationnement en double, avec les feux qui clignotent, en attendant de se trouver une place ailleurs d'ici le 1er octobre.

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