Il fut un temps où les entreprises qui voulaient faire plaisir à leurs employés mettaient à leur disposition... un fumoir. Signe des temps, ces mêmes employés réclament plutôt aujourd'hui un gymnase, une douche, un stationnement de vélos...

Mais sachant que ces équipements sont pas mal plus coûteux qu'un local dans lequel s'emboucanent des fumeurs, comment inciter les entreprises à dire oui ? Et comment les aider à financer ces installations sportives ? 

Une idée portée par le champion des saines habitudes de vie Pierre Lavoie circule actuellement dans les coulisses gouvernementales à Québec, où l'on est en pleine discussion prébudgétaire. Une idée qui mérite plus d'attention : utiliser une portion de la taxe santé versée par les entreprises pour éponger le coût des équipements sportifs. 

Ce qu'une entreprise payerait pour la santé de ses employés, autrement dit, elle pourrait le déduire de sa taxe santé. 

Voilà une proposition logique, qui cadre tout à fait avec l'objectif visé par cette fameuse cotisation obligatoire au Fonds des services de santé imposée aux entreprises (elle varie de 2,5 % à 4,26 % selon la masse salariale). 

Cette taxe santé (à ne pas confondre avec celle qui a été abolie en 2016) doit en effet servir, en partie du moins, à financer le régime public de santé du Québec. Tant mieux si une partie des fonds sert à la prévention plutôt que de se limiter à la guérison, quand il se fait bien tard pour agir. 

Surtout quand on sait qu'on a beau parler de plus en plus de saines habitudes de vie, « très peu a été fait pour vraiment intégrer la prévention aux interventions en santé », déplorait le cardiologue Martin Juneau dans nos pages. 

Il serait donc pertinent et cohérent de prendre une partie des 7 milliards de dollars que touche chaque année l'État grâce à la ponction santé pour l'investir directement dans les lieux de travail. Donc à la source, là où les Québécois passent le plus clair de leur temps en dehors de la maison. Du temps, on le sait bien, trop souvent sédentaire. 

Il y a donc là un immense potentiel, très peu exploité pour l'instant. Et c'est pourquoi Pierre Lavoie suggère qu'une partie de la taxe dédiée en bonne partie à la santé soit réorientée vers les saines habitudes de vie, en prenant la forme d'une salle de yoga, d'un gym ou des services d'un kinésiologue. 

Quand on sait que les médecins peuvent maintenant prescrire de l'activité physique, on voit la synergie dont pourraient profiter les citoyens, les entreprises et éventuellement l'État, dont les coûts de santé augmentent chaque année. Imaginez : on prévoit que la santé gobera près de 70 % du budget du Québec en 2030 ! On ne peut tout de même pas rester les bras croisés ! 

En agissant directement sur le milieu de travail, le gouvernement a donc justement une occasion d'intervenir en amont. Quant aux employeurs, ils ont l'occasion d'améliorer la productivité et la rétention des employés, ce qui n'est pas négligeable en cette époque de plein emploi. Ils ont aussi la chance d'améliorer la conciliation travail-famille, car un parent qui peut s'entraîner au travail sur l'heure du midi, par exemple, aura plus de temps avec les enfants au retour à la maison. 

C'est d'ailleurs pour toutes ces raisons que des organisations de tous horizons se rangent derrière cette proposition en grand nombre. Et c'est pour ces bonnes raisons qu'on retrouve parmi les appuis à la fois la FTQ... et le Conseil du patronat ! 

« C'est une solution win, win, win », lance Pierre Lavoie. Une solution qui ferait belle figure dans la politique conciliation travail-famille en cours d'élaboration à Québec.

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