Uber a lancé un ultimatum au gouvernement ? Pour quelques heures de formation ?

Vraiment ?

Eh bien si Uber veut s'en aller, qu'il s'en aille ! On préférerait qu'il reste ici pour toutes sortes de raisons, mais le devoir d'une entreprise est de se conformer à la réglementation du gouvernement, pas l'inverse.

Et ce, même s'il s'agit d'une multinationale techno tout droit sortie de la Silicon Valley dont la capitalisation se chiffre en milliards US...

Il est franchement de plus en plus difficile de se porter à la défense du bad boy californien, de son attitude de cowboy et de ses méthodes de négociation, comme si tout lui était dû, partout, tout le temps.

Il était possible de comprendre son attitude de défiance des débuts, alors qu'Uber débarquait en zone hostile, confrontée à des monopoles d'entreprise qui bloquaient avec agressivité le moindre changement au transport des personnes depuis Mathusalem.

Elle a donc dû marcher sur bien des orteils pour s'imposer dans les villes du monde, bousculer une industrie qui en avait besoin et réduire le recours à l'autosolo en s'intégrant au cocktail transport. Il aurait été difficile de faire autrement.

Mais que cette entreprise profite aujourd'hui de la porte ouverte par un gouvernement volontaire pour imposer ses exigences impératives sans autre possibilité que son départ est un manque flagrant de décence.

Uber a eu la chance de pouvoir négocier avec Québec l'implantation d'un projet-pilote unique, dont elle a par le fait même accepté chacune des clauses. Cette entente visait « à expérimenter » et « à innover en matière de services de transport par taxi ». Elle servait aussi « à étudier, à améliorer et à définir des normes applicables en telle matière ».

En acceptant l'idée même du projet-pilote, on acceptait donc que des changements aient lieu un moment donné, en fonction des leçons tirées de l'expérience. C'est ce qui s'est produit à l'issue de la première période d'essai.

Normal. Les chauffeurs avaient accumulé un certain nombre d'infractions. Des reportages ont été diffusés faisant état de chauffeurs accueillant des clients malgré leur dossier criminel. Et le travail d'harmonisation entre Uber et les taxis s'est poursuivi, si bien que les règles ont été ajustées pour assurer équité et sécurité : vérifications d'antécédents judiciaires par la police, inspection des véhicules aux 12 mois et formation de 35 heures (qui peut être livrée d'une manière ou d'une autre, par modules, internet ou autre).

Rien pour écrire à son maire, convenons-en. Et pourtant, parce qu'on resserre un tout petit peu les règles, Uber crie à l'injustice et menace même de plier bagage ! Qu'il le fasse donc s'il est incapable de comprendre le contexte dans lequel il évolue et l'importance de la sécurité des usagers. Qu'il quitte le Québec s'il ne peut être aussi conciliant qu'Airbnb, qui a accepté les règles du gouvernement sans claquer de portes. Qu'il parte si son sacro-saint modèle d'affaires l'empêche de faire tout compromis sur la formation.

Montréal, de toute façon, ne serait pas la première à se passer d'Uber, ni en Europe ni en Amérique du Nord. Des villes comme Londres, tout récemment, ou encore Vancouver et Copenhague lui ont montré la porte sans disparaître de la géopolitique urbaine.

La popularité du service à Montréal montre qu'Uber répond clairement à une demande. Tant mieux, donc, si l'entreprise peut se conformer aux conditions et continuer de prospérer ici, au bonheur des clients et des chauffeurs qui en profitent.

Sinon... bye-bye !

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