Donald Trump ne s'est pas seulement retiré de l'accord de Paris, il l'a plombé.

À court terme, cela n'aura pas d'effet concret, ni aux États-Unis ni ailleurs dans le monde. Les États américains continueront de miser sur les énergies renouvelables. Le Canada maintiendra un prix sur le carbone. Et la centaine de pays ayant ratifié l'entente promettra de garder le cap la main sur le coeur.

Pourtant, en reniant leur signature, les États-Unis font perdre à l'accord sa substance, sa spécificité, peut-être même sa pertinence.

Il faut se rappeler une chose : l'accord de Paris était un acte de foi.

Si cette entente survenue en France en 2015 était si spéciale, ce n'est pas pour la cible de réductions fixée à la communauté internationale (il n'y en a pas). Ce n'est pas pour son caractère contraignant (elle ne l'est pas, contrairement à ce que soutient Trump). Et ce n'est surtout pas pour son caractère audacieux (elle a refusé la cible de 1,5 degré, hausse maximale fixée par les scientifiques).

Si l'accord de Paris était si spécial, c'est parce que les 195 pays avaient accepté de le signer, même la Chine, même les États-Unis, ce qui en faisait le tout premier accord universel sur le climat. Il était donc historique grâce à son caractère inclusif.

Ce n'est plus le cas.

Après l'échec de la conférence de Copenhague en 2009, la communauté internationale avait décidé de s'y prendre autrement à Paris. Elle avait réduit au minimum le caractère contraignant de l'entente en se disant que le plus important était d'obtenir l'accord de tous les pays.

C'est ainsi qu'elle avait fini par convaincre le plus important émetteur au monde (la Chine) et le principal pollueur historique (les États-Unis) à faire leur part. L'absence de l'un ou de l'autre aurait signifié l'échec.

C'est là où nous en sommes aujourd'hui.

Avec la disparition de la signature des États-Unis disparaît donc aussi la spécificité de l'Accord, même si celui-ci demeure. Reste maintenant à voir si la mobilisation de la communauté internationale en sera affectée, surtout à moyen et à long terme.

L'accord de Paris possède en effet un mécanisme original : les pays proposent leur propre objectif volontaire, mais aux cinq ans, ils doivent le réviser. Le pari était qu'en ayant tout le monde à bord, la pression des uns et des autres inciterait chacun à plus d'ambition à l'avenir (tant pour les objectifs de réduction des gaz à effet de serre que le financement des pays vulnérables).

C'est lorsque les pourparlers commenceront en vue de la prochaine révision qu'on verra donc si l'absence des États-Unis finit par tirer les ambitions des signataires vers le bas, surtout celles de la Chine, des pays émergents et des pays du Golfe.

Malgré la décision incompréhensible de Trump, donc, les pays conservent leur plan climatique. Les politiques et les mesures visant à lutter contre le réchauffement sont maintenues. L'accord de Paris continue d'exister sur papier même s'il ne joue plus le rôle qu'on souhaitait.

N'empêche, Donald Trump vient de freiner la longue marche qu'on disait inexorable vers des objectifs internationaux toujours plus ambitieux.

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