Le rapport du GIEC publié hier ne contient pas de grandes surprises, mais il n'en est pas moins important. Il nous oblige à recadrer l'enjeu climatique, à préciser ses contours et à revoir jusqu'au vocabulaire privilégié à ce jour dans le but de mieux l'affronter.

D'abord, on ne peut plus parler de «réchauffement climatique» pour résumer le problème, une expression qui porte à confusion et permet à quiconque d'émettre des doutes au moindre hiver froid. Certes, le nombre de journées chaudes augmente et le nombre de journées froides diminue, mais cela n'est qu'une portion congrue des changements en cours.

On observe en effet, parallèlement, une foule d'autres impacts, allant d'une élévation du niveau des mers à une acidification des océans, en passant par une multiplication des précipitations abondantes et une modification des extrêmes climatiques.

Le terme «réchauffement» étant donc réducteur, vaut mieux préférer «dérèglement climatique».

Ensuite, on ne peut plus évoquer l'incertitude de la science du climat sans mentir. Le réchauffement de l'atmosphère «est sans équivoque», écrit le GIEC, et l'influence de l'homme, «clairement établie».

Certes, le climat se permet des soubresauts occasionnels, mais les tendances montrent bien que le dérèglement observé est sans précédent depuis des décennies, voire des millénaires. Un dérèglement lié en bonne partie à l'augmentation des concentrations de gaz à effet de serre dans l'atmosphère.

Les chercheurs qualifient cela d'«extrêmement probable»... traduction scientifique du mot «certitude».

Enfin, on ne peut plus se contenter de parler de mitigation, il faut s'intéresser tout autant à l'adaptation. On ne peut plus, autrement dit, se limiter à réduire les gaz à effet de serre, il faut dès maintenant affronter leurs impacts.

Les écologistes n'aiment pas le reconnaître, mais quoi qu'on dise et quoi qu'on fasse, la planète est, aujourd'hui et pour toujours, aux prises avec un climat de plus en plus changeant. On cesserait aujourd'hui d'émettre tout polluant que le dérèglement se poursuivrait pendant des siècles en raison des concentrations déjà élevées de CO2.

Bien beau, les suites à donner au protocole de Kyoto, mais il faut aussi, avec autant d'ardeur, réduire les îlots de chaleur à Montréal et Québec, contrer l'érosion des berges à Sept-Îles et aux Îles-de-la-Madeleine, fortifier les infrastructures construites sur un pergélisol de plus en plus instable à Kuujjuaq et ailleurs au Nunavik, etc.

Cela est vrai au Québec, où les municipalités ont besoin d'un plus grand appui de la province pour accroître leur résilience climatique. Et c'est vrai ailleurs au Canada, là où le laxisme fédéral ralentit la préparation de tout un chacun.

Le Groupe d'experts sur le climat ne fait donc pas de révélations fracassantes dans son dernier rapport, mais il confirme que le dérèglement climatique est une certitude, qu'il est en cours et, surtout, qu'il ne disparaîtra pas demain matin.

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