En campagne électorale, certains s'étaient mis à rêver à une administration composée à la fois de Denis Coderre, Marcel Côté et Richard Bergeron, tant les trois hommes se complètent bien.

Quatre mois plus tard, qui l'eut cru, ces trois rivaux travaillent ensemble à l'hôtel de ville, l'expertise de chacun étant mise au service de trois grandes priorités, la dernière, annoncée hier, étant le recouvrement partiel de l'autoroute Ville-Marie.

Voilà qui élève la classe politique, capable de se serrer les coudes au besoin, sans partisanerie ni rétribution financière, pour le bien de la métropole. Voilà qui est susceptible de redonner tranquillement confiance aux Montréalais. Et voilà, aussi, qui redonne espoir en ces trois projets d'envergure qui ont jusqu'ici mené à autant d'échecs.

- Le recouvrement de l'autoroute Ville-Marie: Richard Bergeron hérite d'un projet de grande importance que le gouvernement Lévesque et Jean Drapeau voulaient compléter en 1985, dont Gérald Tremblay avait à son tour fait une priorité de son premier mandat, mais qui n'a pas avancé depuis, sauf pour une étude de faisabilité qui aura bientôt dix ans. Il serait donc facile de recevoir cette énième tentative avec cynisme, d'autant que le gouvernement Marois a fermé la porte rapidement, hier.

Et pourtant, la présence dans le dossier de «deux pitbulls», pour reprendre l'expression du maire, rassure. Reverront-ils les priorités du 375e, trouveront-ils des arguments massue, finiront-ils par convaincre le très conservateur MTQ? Reste à voir, mais chose certaine, ils ne lâcheront pas facilement le morceau.

- La réforme administrative de la Ville: on a promis des économies d'échelle avec les fusions municipales, puis une réduction des effectifs municipaux avec la «revue des activités, services, opérations et programmes» lancée en 2006 par l'administration Tremblay. Or, on connaît la suite: toujours plus de dépenses, plus d'employés.

L'administration Coderre réussira-t-elle là où la précédente a échoué? Possible. La nomination de Marcel Côté, certainement la meilleure personne pour y arriver, est un bon pas en ce sens. L'homme n'aime rien de plus que de mettre le doigt sur un problème, le circonscrire, le décortiquer, le retourner dans tous les sens et lui trouver une solution. Après tout, c'est ce qu'il faisait chez Secor, qu'il a cofondé.

- La bonne gouvernance de Montréal: l'élection de Denis Coderre redonne enfin une direction à l'hôtel de ville, après des années de mollesse et de scandales. L'homme a du leadership et sait s'entourer, même si cela signifie voler le DG de Québec, allez chercher le procureur vedette de la commission Charbonneau et... faire de la place à ses ennemis.

On n'espérait même plus d'exemples du fameux slogan, répété, mais jamais honoré, «faire de la politique autrement». Ces mains tendues de part et d'autre en sont une belle illustration, en plus de ramener à la mémoire la devise de Montréal, Concordia Salus: le salut par la concorde.

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