Un mot résume les élections de dimanche à Montréal: éclatement.

Peu importe les chiffres qu'on scrute, on constate en effet un éclatement, celui du conseil municipal, celui des arrondissements, celui de la Coalition Montréal et celui, plus manifeste que jamais, de l'opposition.

En fait, on pourrait émettre l'hypothèse que ce n'est pas tant Denis Coderre qui a remporté ses élections, que les partis d'opposition qui les ont perdues, faute d'alliances. Il n'aura suffi au gagnant qu'à se faufiler vers l'hôtel de ville avec moins du tiers du vote populaire...

C'est une surprise, en quelque sorte. Jusqu'au jour J, le meneur était accrédité d'environ 40% d'appuis, alors que les autres partis se partageaient les 60% restants. Au final, M. Coderre n'aura pu faire mieux que 32%, alors que ses adversaires ont tous connu une remontée par rapport à la dernière enquête d'opinion.

Mélanie Joly a vu ses appuis bondir à 26%, ce qui lui a permis de se hisser au deuxième rang sans l'aide d'une grosse machine électorale. C'est spectaculaire. Mais en même temps, elle n'a élu que trois conseillers municipaux, lesquels vont trouver le temps long au cours des quatre prochaines années...

Richard Bergeron a aussi très bien fait, réussissant à faire élire deux fois plus de candidats au conseil municipal que lors des précédentes élections,  devenant ainsi chef de l'opposition. N'empêche, les suffrages obtenus par le chef de Projet Montréal sont à peu près les mêmes qu'en 2009, un plafonnement qui n'annonce rien de bon pour la suite.

Marcel Côté, quant à lui, a fait passer ses appuis à 13%, une légère remontée par rapport au dernier sondage. Il s'agit cependant d'une mince consolation, car avec six élus au conseil municipal, sa coalition risque de disparaître.

Restent les indépendants, très nombreux, qui jouiront de la balance du pouvoir. Au nombre de huit, ils donneront probablement une majorité au maire Coderre, mais pourraient la lui enlever au besoin. Cela dit, en plus de montrer que la greffe des anciennes villes de banlieue n'a pas tout à fait pris, cette forte présence d'indépendants fragmente d'autant le conseil municipal. La ville est éclatée, donc, la ville a besoin d'alliances, de coalitions et de coopération pour avancer.

Cela implique, pour le maire, une main tendue aux indépendants, mais cela implique aussi une main tendue à l'opposition, qui mériterait une place au comité exécutif étant donné sa force au conseil municipal (37 élus contre 28). L'idée d'éliminer la ligne de parti est un pas intéressant dans le sens d'une plus grande collaboration.

Cela implique un nécessaire jeu des alliances dans le camp de l'opposition aussi. Les partis qui feront face au maire auraient en effet intérêt à mettre de l'eau dans leur vin, à se regrouper, à coopérer (et plus, si affinités...) afin de pouvoir constituer une opposition solide et constructive au maire.

C'est précisément le rôle que leur ont confié les Montréalais en leur accordant une majorité au conseil.

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