La campagne électorale à Montréal est à mi-chemin et déjà, plusieurs croient que les jeux sont faits. Rien n'est moins vrai.

Certes, le sondage diffusé hier par Radio-Canada confirme que Denis Coderre a une avance impressionnante sur ses adversaires. Surfant sur une notoriété qui n'a pas d'égal, l'ancien député semble ainsi voguer vers une victoire facile, une impression que partagent manifestement plusieurs de ses candidats qui ne prennent même pas la peine de faire du porte-à-porte.

Or le bilan de mi-campagne montre un portrait plus nuancé de la course, laquelle pourrait livrer des surprises le 3 novembre prochain.

D'abord, Denis Coderre est plus fort que son parti. Il pourrait donc regretter sa décision de ne pas placarder la ville de pancartes électorales présentant les membres de sa formation. Lui n'en a pas besoin, mais la plupart de ses candidats, oui. 

N'oublions pas qu'au municipal, à part dans Ville-Marie, les électeurs votent une fois pour le maire de la Ville, une autre pour le maire d'arrondissement et au moins une autre pour le conseiller municipal. Certains arrondissements obligent les électeurs à cocher jusqu'à cinq fois. Plusieurs pourraient donc voter Coderre à la mairie... mais opter pour des candidats locaux d'autres formations en raison de l'éparpillement des possibilités, mais aussi du stigmate que portent les anciens d'Union Montréal.

D'ailleurs, s'il y a une chose qui distingue cette campagne des précédentes, c'est le fait que la plupart des formations qui ont fait partie du paysage dans le passé se cachent derrière de nouvelles bannières un peu floues. Cela mélange les électeurs, comme le constatent les candidats sur le terrain, mais cela crée surtout de l'incertitude quant aux résultats locaux. 

Deuxième dans le sondage, Mélanie Joly pourrait faire un score honorable, par exemple, mais être néanmoins absente du conseil municipal si sa colistière perdait ses élections et son équipe ne perçait pas. De la même façon, Marcel Côté pourrait récolter de maigres appuis dans l'Est, mais faire élire plusieurs membres de sa coalition, surtout les têtes d'affiche de Vision Montréal comme Louise Harel et Laurent Blanchard. 

Autrement dit, le scénario d'une administration Coderre minoritaire n'est pas à exclure. Les incertitudes sont si nombreuses, en fait, qu'une telle issue ne serait pas surprenante. Pensons à l'impact du contexte politique sur le taux de participation (76% des répondants disent qu'ils iront voter...), aux répercussions d'un vote de protestation sur les politiciens plus connus (rappelons-nous «la vague orange» ...), à l'effet de la montée de Mélanie Joly sur son équipe et ses adversaires (combinée à la chute de Marcel Côté...), ou encore à l'attrait des indécis pour Projet Montréal dont les appuis semblent plafonner (le dernier sondage lui donne un score similaire à 2009...).

Bref, la force de Coderre a beau être une constante depuis plusieurs mois, bien malin qui peut deviner la composition du conseil municipal au lendemain du 3 novembre prochain.

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