Ils sont bénévoles. Impliqués dans leur quartier. Engagés dans un petit marché public. Ils donnent temps et énergie pour que les plus démunis aient accès à des fruits et légumes frais.

Et il suffit qu'un citoyen dépose une plainte pour que l'Escouade de protection de l'intégrité municipale jette un discrédit sur leur travail, traîne leur nom dans la boue et permette que l'on accole les mots «détournement de fonds» et «malversations» au parti qui les a aidés, Projet Montréal.

C'est à se demander si le SPVM mesure la portée de ses gestes, lui qui refuse de commenter, mais qui se permet confidentiellement de confirmer les «vérifications» et le «sérieux» de la plainte... en pleine période électorale!

Ce serait risible si ce n'était dramatique. D'autant que les faits reprochés dans la plainte dénotent, au pire, un impair administratif, voire une proximité idéologique, mais pas une fraude criminelle.

À l'origine de cette histoire, on retrouve l'organisme Plateau Milieu de vie, lequel a eu droit à une subvention de 37 000$ du Plateau pour construire un kiosque à fruits et légumes au coin des rues Rachel et Fullum. Selon le plaignant, l'administration Ferrandez aurait fait preuve de favoritisme et camouflé des malversations en aidant cet «organisme de propagande».

Favoritisme: il n'y en a pas preuve. Les élus du Plateau ont accepté de verser une aide pour la construction du kiosque, mais cela s'est fait à la suite d'une demande officielle traitée par les fonctionnaires. Au même moment, une autre organisation a fait une demande semblable dans Ville-Marie, laquelle a aussi été acceptée. Or l'arrondissement est contrôlé par Union Montréal.

Malversations: il n'existe aucune somme dont on a perdu trace. Près de 32 000$ ont servi à la construction du kiosque... qui a coûté 8000$ de plus dans Ville-Marie. Le reste des fonds a permis l'approvisionnement en fruits et légumes. Le seul «détournement» possible est celui des tomates au profit des résidents des HLM voisins.

Organisme de propagande: on peut certes parler d'affinités avec Projet Montréal, sans plus. En consultant le registraire des entreprises, on retrouve des militants du parti parmi les administrateurs. Mais les dates montrent que ceux-ci étaient liés à l'«Observatoire de l'environnement urbain», organisation sur les cendres desquelles est née Plateau Milieu de vie. Cette dernière a simplement récupéré la charte de l'Observatoire au moment de sa disparition, en août 2011. Date à laquelle ont quitté les membres de Projet Montréal.

Y a-t-il là maladresse administrative? Certainement, d'autant que l'organisme a profité de l'aide personnelle d'une bénévole qui était également attachée politique de l'arrondissement pour monter une page Facebook. Des impairs que la direction de l'organisme reconnaît.

On peut donc, tout au plus, déplorer la proximité du milieu communautaire avec les partis de gauche, un phénomène que l'on voit depuis longtemps à Montréal. Mais cela ne mérite pas d'opprobre, encore moins une vérification policière.

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