Le retour des Expos? On se doutait bien que le sujet rebondirait dans la campagne électorale, mais pas si tôt. Et surtout pas de la bouche de Marcel Côté...

L'idée, il est vrai, n'a rien de farfelu. Le contexte a suffisamment changé en dix ans pour que la métropole songe à réintégrer le baseball majeur. Mais il y a néanmoins un problème avec l'engagement de M. Côté: son trop grand volontarisme.

Le chef de la Coalition Montréal souhaite non seulement encourager des investisseurs à se joindre à l'aventure, il se dit prêt à approcher des gens d'affaires pour qu'elle se matérialise. Plus encore, il a promis, sur les réseaux sociaux, d'en faire une «priorité»...

Bref, Marcel Côté veut se faire promoteur... alors que la Ville doit se limiter à un rôle d'accompagnateur.

Si la Ligue de baseball majeur (MLB) remet un jour les pieds ici, il faudra en effet que cela se fasse à l'initiative du privé. C'est lui qui aurait à acquérir une équipe, lui qui aurait à payer la construction d'un stade, si jamais l'actuel ne faisait pas son bonheur.

Cela n'a rien d'impossible. L'ancien Expo Warren Cromartie a l'appui de la Chambre de commerce, qui a lancé une étude en ce sens. L'avocat Guy Bertrand dit avoir l'appui d'«investisseurs orientaux et internationaux». Et le Conference Board estime que «les conditions du marché sont réunies pour que Montréal héberge une franchise de la MLB».

Peut-être. Le taux de change est plus favorable qu'à l'époque. Le partage des revenus favoriserait Montréal. Le sport connaît un regain dans les petites ligues. Et l'industrie médiatique serait aujourd'hui plus réceptive.

Mais attention! Ce n'est pas parce qu'un projet est viable qu'il provoquera soudainement un afflux de capitaux. Les écueils sont trop nombreux.

D'abord, il n'y a pas d'équipe sur le marché. En 40 ans, une seule équipe a déménagé: les Expos! Et rien ne laisse croire à une prochaine expansion.

Ensuite, la construction d'un nouveau stade - condition sine qua non selon l'ancien ministre Michael Fortier - ferait grimper la facture, avec l'acquisition d'une équipe, à environ 1 milliard$. Cela prend des poches profondes, quand on sait à quel point il faudrait du temps et des pertes financières avant que les Expos 2.0 ne deviennent un tant soit peu compétitifs. Quant à l'actuel Stade, bien malin qui saurait trouver des gens d'affaires prêts à miser à nouveau sur un équipement jugé inadapté.

Enfin, Montréal a changé en 15 ans. L'Impact a pris la place laissée vacante par les Expos, de la même manière que le soccer a chassé le baseball des parcs. La balle a beau connaître un regain, le ballon est autrement plus populaire, surtout auprès des jeunes.

Qu'un maire soit prêt à accompagner des investisseurs privés comme souhaite le faire Denis Coderre, cela va de soi. Qu'il veuille les aider en cédant un terrain de la Ville comme le propose Richard Bergeron, soit.

Mais en faire plus reviendrait à promettre une éventuelle aide financière publique à un projet qui doit demeurer essentiellement privé.

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