Si vous ne comptiez pas voter conservateur aux prochaines élections, il y a bien peu de chance que vous changiez d'idée à la suite du remaniement d'hier. Le gouvernement Harper a beau rajeunir son équipe, il garde le cap, obstinément.

Le brassage de cartes auquel le premier ministre a procédé hier a le mérite, il est vrai, de coupler «de nouveaux visages à des gens d'expérience», comme le veut le slogan. Une dizaine de ministres chevronnés conservent leurs postes et une vingtaine jouent à la chaise musicale, tandis que huit députés font leur entrée au conseil des ministres.

Mais ce renouvellement n'est pas pour autant synonyme de renouveau. Le cercle restreint entourant le premier ministre ne change guère. Les ministres Flaherty, Baird, Clement et Oliver demeurent en selle. Et les autres poids lourds sont simplement déplacés.

Rien qui puisse modifier le contrôle qu'exercent le cabinet Harper et ses fidèles sur l'ensemble des enjeux gouvernementaux. Rien qui laisse croire que les dossiers sociaux, amalgamés à l'«emploi», seront traités différemment. Et rien qui permette au ministère de l'Environnement de recommencer à jouer son rôle de chien de garde, malgré les difficultés rencontrées avec Keystone et Northern Gateway.

La nomination d'une résidante d'Iqaluit à la tête du ministère de l'Environnement pourrait laisser croire qu'enfin, une représentante du gouvernement aurait à coeur la lutte aux changements climatiques. Qu'enfin le ministère de l'Environnement pourrait quitter la férule des Ressources naturelles.

Mais le maintien en poste de Joe Oliver et le bilan de Leona Aglukkaq au Conseil de l'Arctique laissent croire le contraire. Le Nord a beau se réchauffer deux fois plus vite que le reste de la planète, Mme Aglukkaq estime que la priorité est ailleurs, que le temps de la recherche scientifique est révolu, que «la plus grande inquiétude» est l'emploi, pas le climat.

Certes, le Nord aussi a droit à la prospérité, mais mettre en opposition l'environnement et l'emploi au moment où l'on songe à forer revient à oublier le premier au profit du second. Précisément ce qu'ont fait les conservateurs au cours des sept dernières années...

Et ce qui vaut pour l'environnement vaut pour le Québec: le statu quo semble vouloir se maintenir aussi dans les relations que l'équipe de Stephen Harper entretient avec la province, qui perd en influence avec ce remaniement.

Les ministères des Transports et de l'Industrie ont en effet été retirés aux députés québécois. Christian Paradis se retrouve à la tête d'un ministère junior. Denis Lebel, qui le remplace à titre de lieutenant, conserve le dossier du pont Champlain... mais ne dirige plus le ministère qui décidera de son sort. Et Maxime Bernier continue son purgatoire (Steve Blaney hérite de la Sécurité publique, mais les principaux projets de loi conservateurs en la matière ont déjà été adoptés).

On peut parler d'un changement de garde à Ottawa, mais certainement pas d'un changement de cap.

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