On peut tenter de se préparer au pire. On peut élever des clôtures autour des prochains marathons. On peut hausser les mesures de sécurité aux prochains mondiaux d'athlétisme. On peut même barricader les installations olympiques de Sotchi.

Mais les terroristes sont comme la foudre, ils ne frappent jamais deux fois au même endroit. Ce que nous rappellent tragiquement les explosions de lundi en sol américain.

Il serait bien étonnant que le marathon de Boston ait été choisi à la légère par quiconque se cache derrière cet acte barbare. Cette course à pied centenaire est l'antithèse du terrorisme: un événement unificateur, sans grande concurrence, qui réunit toute sortes de coureurs du monde entier.

Peu importe le nombre de morts et de blessés, les responsables des déflagrations ont ainsi frappé un grand coup sur le plan symbolique. L'événement a débuté avec une minute de silence pour les victimes de Newtown, mais il s'est terminé avec de nouvelles victimes. Le marathon s'est déroulé dans la plus grande camaraderie, mais il s'est terminé par le geste le plus haineux qui soit. Des milliers de personnes se sont fiés à leurs jambes pour franchir les 42 kilomètres du parcours, mais plusieurs spectateurs ont perdu les leurs au 42e...

On peut difficilement trouver meilleur endroit (le marathon de Boston est le plus mythique d'entre tous), meilleure cible (un demi-million de spectateurs s'ajoutent aux 23 000 coureurs), meilleur moment (4h10 est plus ou moins le temps moyen d'un marathonien) et meilleur lieu (au fil d'arrivée où se concentrent des centaines de caméras) pour perpétrer un acte qui sèmera la terreur.

Mais aussi significatif soit ce choix, personne ne s'était vraiment préparé à une telle éventualité. Rares sont ceux qui avaient même imaginé qu'un marathon puisse un jour être le théâtre d'une attaque terroriste. Ce qui montre bien les limites d'une escalade des mesures de sécurité autour des futures activités sportives, ou plus généralement, des événements en plein air, comme certains l'exigent ou le promettent.

Le marathon maintenant touché, il y a de fortes probabilités qu'il ne le soit plus jamais, pas plus celui de Boston que n'importe quel autre des courses du Big Five (Boston, Chicago, Londres, Berlin et New York).

Le prochain attentat pourrait attendre deux, cinq ou dix ans. Il pourrait avoir été fomenté par des terroristes américains ou étrangers. Il pourrait venir du sol ou des airs. Il pourrait être effectué avec une bombe artisanale ou des armes chimiques. Il pourrait avoir lieu lors d'une parade de la coupe Stanley, d'une course Nascar ou d'un tailgate party précédent le Super Bowl.

On peut donc insister sur la nécessité de signaler tout comportement douteux lors d'événements grands publics. On peut ouvrir l'oeil, fouiller les sacs, utiliser des chiens renifleurs et veiller à assurer la meilleure sécurité possible. Mais il faut se résoudre à la grande vulnérabilité des événements grand public.

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