Même André Boisclair doit se pincer pour y croire. Non seulement a-t-il été nommé à l'un des postes diplomatiques les plus prestigieux du Québec, il s'est assuré de conserver son généreux traitement salarial... pour le restant de ses jours.

Le gouvernement Marois a en effet repoussé encore un peu plus les limites du favoritisme en accordant à l'ancien chef de son parti un emploi privilégié à l'étranger, en plus de lui garantir qu'une permanence à vie dans la fonction publique l'attendrait à son retour au pays.

Soudainement, la chanson électorale du Parti québécois revient en tête: À nous de choisir...

On s'entend, au Québec, les nominations partisanes sont habituellement accueillies avec un haussement d'épaules, voire avec une certaine compréhension. Pierre Baril à la tête du BAPE, par exemple. Nicolas Girard aux commandes de l'AMT.

Ainsi en était-il, jusqu'ici, d'André Boisclair à la délégation du Québec à New York. L'homme a une bonne feuille de route. Il connaît les arcanes politiques. Il a dirigé d'importants ministères, comme l'a souligné hier la première ministre. Et donc, sa nomination le 7 novembre dernier pouvait certainement se défendre.

Mais de là à s'engager à lui fournir un emploi à son retour? À le nommer sous-ministre adjoint au ministère des Relations internationale? À lui accorder à tout jamais le traitement salarial dont il jouit comme délégué général? Avec permanence, rente et conditions indexées?

A-t-il sauvé la nation pour avoir droit par avance à un parachute doré et ce, en pleine période de restrictions budgétaires? Sinon, quelle est cette contribution exceptionnelle qui lui permet de jouir d'un traitement exceptionnel?

Répondre qu'il a «failli» être premier ministre du Québec, comme l'a fait Mme Marois hier, relève de l'insulte pure.

Le gouvernement Marois peut bien évoquer les justifications les plus alambiquées, citer des cas passés qui n'ont rien de similaire, il n'en reste pas moins qu'il a dépassé les bornes. Ce dont il devait d'ailleurs se douter, puisque cette «double nomination pour le prix d'une» ne figurait nulle part dans le communiqué de presse officiel. Nulle part dans le communiqué du ministère de Jean-François Lisée. Pas même dans le blogue pourtant très prolixe de ce dernier.

Le cynisme a beau être répandu, une telle partisanerie, un favoritisme aussi éhonté, sans gêne, étonne. Surtout de la part d'un parti qui, pendant des années, a fait la leçon au gouvernement libéral, un parti qui a promis la plus haute probité, un parti qui a juré de combattre le cynisme à la racine.

Or rien n'alimente davantage la colère citoyenne qu'un gouvernement qui fait exactement ce qu'il reprochait au gouvernement précédent. «Faire de la politique autrement» ne peut tout de même pas se résumer à faire les choses plus rapidement, incluant les plus basses...

Qu'André Boisclair soit nommé à New York se justifie. Mais qu'il obtienne en prime un emploi à vie est indécent.

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