Déposé dans la précipitation, le budget Marceau contenait un certain nombre d'absents. Montréal en fait partie, hélas.

On a beau tourner les pages, lire et relire les documents budgétaires, on ne trouve à peu près rien pour «dynamiser la métropole», une promesse souvent répétée par Pauline Marois dans l'opposition et en élection.

À part la construction de 3000 logements abordables, quelques consultations et un fonds destiné «aux technologies propres et à l'électrification», on cherche en vain les signes du changement de cap promis.

Rien, pour l'instant, sur les régimes de retraite, la rétention des jeunes familles, le secteur industriel, le développement et le financement des transports collectifs. Et rien, surtout, sur la nécessaire diversification des revenus de la métropole, un enjeu crucial qui pourrait bien tomber dans l'oubli en cette période de transition à Montréal et à Québec.

Le problème, à l'heure actuelle, c'est que la métropole est traitée comme n'importe quelle autre municipalité. Créature de la province, elle vit toujours sur ce bon vieux modèle fiscal britannique et tire ainsi la majorité de ses revenus des taxes foncières (67%).

Cela ne posait pas problème il y a 100 ans, quand Montréal n'offrait que des services à la propriété. Mais depuis, ses responsabilités se sont élargies, les normes imposées par Québec se sont multipliées, la part des services à la personne s'est considérablement accrue, etc.

Et pourtant, son assiette fiscale est toujours la même et toujours aussi dépendante d'un secteur: l'immobilier.

Cette situation a des avantages, mais aussi un énorme inconvénient: la métropole est coupée des retombées dont elle est responsable. Elle peut bien mettre de l'argent dans le Grand Prix ou les festivals, investir pour attirer plus de congrès ou de touristes, aménager son espace public pour se faire plus attrayante et conviviale, elle n'en tire pas un sou. Au contraire, elle augmente ses dépenses en entretien, sécurité, infrastructures... pendant que les gouvernements récoltent les taxes de vente.

Le phénomène est connu. Il touche toutes les municipalités. Mais il est encore plus criant pour Montréal... et le sera de plus en plus.

L'économie des grandes villes se dématérialise, en effet. L'économie du savoir, dans laquelle brille la métropole, s'appuie sur l'innovation, la recherche, les cerveaux, non pas sur les usines. Or l'impôt foncier ne s'applique toujours pas sur la matière grise...

Ajoutez à cela une population vieillissante dont les besoins en logement rapetissent, la montée du télétravail, du travail autonome et des transactions virtuelles, et vous maintenez Montréal dans une situation financière de plus en plus précaire.

Le gouvernement Marois devrait, on l'espère, répondre à certaines demandes de Montréal en augmentant notamment les investissements dans les transports collectifs et en élaborant une stratégie industrielle. Mais il devra aussi s'assurer d'alléger ses défis fiscaux, non pas tant en augmentant ses transferts... qu'en partageant davantage la richesse créée ici même, dans la métropole.

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