Gérald Tremblay n'avait tout simplement plus le choix.

L'homme, d'abord, devait prendre ses distances de l'hôtel de ville tant sa présence était devenue nuisible. Couvert d'opprobre, rejeté, abandonné, il n'avait plus la légitimité pour diriger la métropole du Québec.

Le maire, ensuite, devait assumer la responsabilité de cet immense gâchis. Un gâchis dont il n'est certes pas l'unique responsable, mais dont l'ampleur n'est pas étrangère à son aveuglement des 10 dernières années, qu'il ait été volontaire ou non.

Nous reviendrons sur le bilan de M. Tremblay, moins noir que bien des gens le prétendent. Sur l'acharnement dont il a bel et bien été victime. Sur ce qu'il savait et ne savait pas, en espérant que la commission Charbonneau lui donne la parole. Mais pour l'heure, contentons-nous de dire qu'il n'était plus l'homme de la situation.

«Victime» jusqu'à la fin, M. Tremblay aura confirmé par son discours de départ que sa naïveté n'avait plus sa place dans le contexte actuel, que son manque de lucidité l'empêchait de faire le ménage qui s'impose, que sa faiblesse était devenue celle de la métropole.

Clairement, le troisième mandat du maire Tremblay aura été de trop. Avec raison, il a été écourté.

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Et maintenant? Une longue année s'amorce pour la Ville. Et une longue année électorale débute pour les partis municipaux.

L'important, pour les élus qui siègent au conseil municipal, sera de ne pas mélanger les deux.

Ils auront en effet la délicate tâche de coopter un des leurs pour assurer la succession, de veiller à la bonne marche de la Ville, de colmater les failles par lesquelles la gangrène s'est immiscée.

Bref, ils auront à assurer une «transition tranquille» à l'hôtel de ville, pour emprunter l'expression de Richard Bergeron, tout en laissant leurs chicanes au vestiaire. Les Montréalais ne pardonneront pas à ceux qui maintiendront Montréal dans un état de vulnérabilité pour de strictes raisons partisanes.

Pour éviter un tel risque, le gouvernement devrait-il répondre à la demande de Louise Harel et déclencher des élections précipitées? Non, un tel geste comporte trop d'écueils pour être envisagé. Si la tutelle n'est pas considérée, c'est que la Ville n'est pas compromise. Or si elle ne l'est pas, rien ne justifie que le gouvernement crée un précédent avec une loi spéciale taillée sur mesure pour Montréal. Puis Laval. Puis Mascouche...

On s'entend, le successeur du maire Tremblay n'aura pas la légitimité pour entreprendre de grandes choses. Mais il aura le pouvoir de calmer le jeu, ce qui est déjà beaucoup.

De toute façon, les grands projets sont sur leur lancée ou sur le point de l'être. Les projets de développement sont sur les rails. Et les décisions aux lourdes implications ont été prises.

L'important, donc, était de retrouver une certaine sérénité afin que Montréal se rende aux prochaines élections sans trop de dommages. La démission du maire le permet maintenant.

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