M. Tremblay, vous avez choisi de vous retirer dans vos terres, ce week-end, et prendre à votre tour une marche dans le froid. C'était la chose à faire.

Loin de la bulle de l'hôtel de ville, loin de la tempête politique, vous vous retrouvez enfin seul avec vous-même et, peut-être, vos démons. Vous réfléchissez à cette tourmente, à votre rôle, votre responsabilité. Immanquablement, vous réfléchirez aussi à votre avenir.

Un conseil: n'en faites pas le sujet de votre introspection. Car ce n'est pas tant votre avenir que celui de la métropole qui devrait vous préoccuper en ce moment.

Plus le temps passe, en effet, plus vous vous entêtez à rester, plus votre agonie devient celle de Montréal. Pire que la paralysie, la Ville est soumise à la déroute que provoque votre obstination, un peu plus chaque jour.

Vous plongez ainsi Montréal dans l'incertitude. Vous empêchez la Ville de fonctionner normalement. Vous suscitez le désarroi des acteurs censés contribuer à la bonne marche de la métropole. Pire, vous continuez de prendre des décisions d'importance qui ne peuvent être que malavisées dans le contexte hypertendu dans lequel vous maintenez la Ville.

Revoir à la va-vite un budget de 5 milliards concocté patiemment au cours des 12 derniers mois, en votre absence de surcroît, est périlleux. Une baisse de taxe improvisée à la dernière minute se traduira inévitablement en une coupe de services ou un report d'investissements nécessaires. De fort mauvais choix, même si les contribuables n'en ressentiront l'effet que plus tard.

M. Tremblay, peu importe ce que vous saviez, peu importe la véracité de chaque détail raconté à la Commission, peu importe votre degré de responsabilité dans cet immense gâchis, vous n'avez tout simplement plus la confiance des Montréalais. Vous n'avez plus l'appui des maires de l'île. Vous n'avez plus le soutien du gouvernement. Vous n'avez même plus la confiance de vos policiers...

Bref, vous avez perdu toute légitimité morale et politique. Vous cramponner n'y changera rien.

Il est de plus en plus évident que vous avez fermé les yeux sur bien des choses depuis 2001. N'empêche, votre bilan montre que vous avez un sens des responsabilités. Vous avez réussi à relever une ville qui était l'ombre d'elle-même au sortir du règne de Pierre Bourque. Vous vous êtes attaqué aux infrastructures négligées, au déficit démocratique et aux relations de travail troubles qui caractérisaient Montréal au tournant du millénaire.

Mais ces bons coups sont en train de s'effacer, un peu plus chaque jour, au profit d'un acharnement qui pourrait bien devenir le principal, voire l'unique souvenir que les Montréalais retiendront de vos 10 années au pouvoir.

M. Tremblay, nous sommes le 3 novembre. La menace d'une élection partielle est maintenant levée. Votre parti restera au pouvoir pour les 12 prochains mois. Plus rien ne justifie que vous vous accrochiez à votre siège. Plus rien.

Démissionnez, M. Tremblay. Pour le bien de Montréal.

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