Gérald Tremblay n'a ni la crédibilité ni la compétence requise pour gouverner Montréal. Il est incapable de bien s'entourer, impuissant face à la corruption qui gangrène son administration et sous-qualifié pour faire le ménage qui s'impose à l'hôtel de ville.

Bref, le maire est inapte à diriger une métropole. S'il avait la moindre lucidité, il quitterait volontairement sa fonction, pour son bien et celui de la Ville, et laisserait à d'autres le soin de gouverner Montréal.

Mais l'incompétence, hélas, n'a rien d'illégal. Pas même l'incompétence crasse. Sans quoi, bien des maires auraient goûté au supplice des plumes et du goudron. La seule sanction possible pour quiconque fait honte à sa fonction élective tombe aux quatre ans, à date fixe...

La réaction des partis d'opposition, qui ont exigé la tête du maire, est de bonne guerre et rejoint, nous en sommes assurés, celle d'un grand nombre de Montréalais. Surtout après la pathétique scène (re) jouée hier par ce Ponce Pilate de la politique municipale...

Mais dans l'état actuel des connaissances, l'appel formel à la destitution est prématuré. Fort de la confiance de son parti, de l'appui de son exécutif et de sa majorité au conseil municipal, le maire Tremblay jouit toujours d'une légitimité démocratique. C'est avec regret que nous l'écrivons.

Certes, les allégations de Lino Zambito, qui rejoignent celles qu'a formulées Benoit Labonté en 2009, sont accablantes. Elles dépeignent un réseau illicite qui a ses tentacules partout à la Ville et en politique active, en plus de tracer des liens entre les deux: un bagman récoltait 3% des contrats accordés par l'administration au nom du parti du maire Tremblay.

N'empêche, il n'existe aucune preuve de l'existence d'une telle caisse occulte. Il n'existe pas de preuves que l'argent récolté par Nicolo Milioto et Bernard Trépanier allait bel et bien dans les coffres d'Union Montréal.

Or de la même manière qu'on ne peut condamner «Monsieur 3%» à partir de simples allégations, on ne peut exiger, sur les mêmes bases, la démission du chef du parti qui en aurait profité.

En outre, il y a une certaine désinvolture dans l'appel lancé par les partis d'opposition. Poussons leur argumentaire plus loin: si les propos de MM. Zambito et Labonté sont suffisamment incriminants pour faire perdre au maire sa légitimité, ils remettent aussi en question celle de l'ensemble des élus d'Union Montréal. On démissionne le parti?

De toute évidence, on ne peut exiger la tête du maire sans créer une grave crise démocratique, à 13 mois des prochaines élections. Une situation, dans le contexte actuel, qui semble pire que le statu quo en plus de ne rien régler au vaste système illicite qui pèse sur Montréal.

Gérald Tremblay, clairement, participe au problème de corruption et de collusion qui mine la Ville et l'hôtel de ville. Mais pour l'instant, la seule chose dont il est véritablement coupable, c'est d'être incompétent.

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