La Biosphère est une icône, une des rares oeuvres architecturales capables de représenter Montréal d'un seul coup d'oeil. Et pourtant, son avenir se joue actuellement à Ottawa, derrière des portes closes...

Sans en avoir discuté avec la Ville de Montréal, le gouvernement Harper a en effet décidé de transformer ce symbole hors du commun, à la fin 2013, en un banal édifice administratif, fermé au public. Il s'agit d'un affront patrimonial, rien de moins.

Le dôme conçu pour Expo 67 par l'architecte Richard Buckminster Fuller abrite à l'heure actuelle le Musée de l'environnement, une mission éducative que le fédéral veut revoir afin de «mieux concentrer les ressources d'Environnement Canada sur les activités qui contribuent directement à l'exécution de son mandat».

Bien que le jupon idéologique des conservateurs dépasse comme toujours, soyons bien honnêtes, l'idée de réviser le mandat du musée n'est pas une hérésie en soi. Voilà une institution qui, malgré une quinzaine d'années d'existence, n'a jamais su trouver sa place dans la riche offre muséale de Montréal.

Plus ludiques et dynamiques, le Biodôme, l'Insectarium, le Jardin botanique et le Centre de sciences offrent en effet une bien plus grande valeur pédagogique que ce musée démodé, plus souvent axé sur les menaces qui pèsent sur l'environnement que sur ses richesses.

Mais le manque de pertinence du musée n'est pas, pour autant, un prétexte suffisant pour faire de l'ancien pavillon des États-Unis un insignifiant dôme à bureaux tenu à distance des Montréalais. On parle tout de même ici d'un jalon de l'architecture contemporaine mondiale!

En outre, la décision de transformer ainsi la Biosphère porte atteinte à l'entente signée en 1990 avec Montréal, laquelle prévoit le maintien du musée et de l'accès public jusqu'en 2016, au moins. Il s'agissait alors du legs d'Ottawa pour les festivités du 350e.

Le gouvernement fédéral ne veut pas reconduire ladite entente? Il souhaite revoir la mission muséale des lieux? Fort bien, il lui reste encore quelque temps pour étudier la chose, s'entretenir avec Montréal, mener des consultations publiques.

Évidemment qu'en pleine période de compressions, cela coûterait plus cher que l'aménagement de quelques cubicules pour le Centre météorologique canadien. Mais Ottawa devra de toute façon investir en vue de 2017, alors que l'on célébrera les 375 ans de Montréal, les 150 ans de la Confédération et surtout... les 50 ans de l'Exposition universelle!

La Ville, pour sa part, a le devoir de se faire entendre sur le sujet. Mais plus encore, elle pourrait très bien profiter de l'occasion pour revoir, parallèlement, la vocation de ces îles sans véritable vocation depuis la fin de Terre des Hommes.

Y aurait-il lieu de créer une meilleure synergie avec la Biosphère? De recouvrir cette dernière pour lui redonner son aspect d'antan? De l'intégrer au réseau des muséums nature? De lui donner une tout autre vocation?

Une réflexion s'impose, ouverte et transparente, avant de fermer l'accès de cet ultime rescapé d'Expo 67.

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