Qu'on ne s'y trompe pas. Les promesses de la CAQ ne visent pas tant à dynamiser la métropole qu'à plaire aux électeurs du 450...

C'est en effet avec le regard braqué sur les couronnes que François Legault a promis aux Montréalais, dimanche, un réseau de train de banlieue élargi et un conseil municipal aminci, des solutions dignes d'une discussion de bureau qui ne répondent en rien aux problèmes du grand Montréal. Encore moins de son coeur.

Certes, il est louable qu'un grand parti politique daigne enfin s'intéresser au sort de la métropole. La fidélité des circonscriptions de l'île pour le Parti libéral ou le Parti québécois est en effet si forte que ceux-ci les tiennent d'avance pour acquises ou pour perdues.

Mais cet intérêt, en soi, ne vaut pas grand-chose s'il ne se traduit pas en propositions pertinentes, formulées en réponse à une réflexion sur l'avenir de la ville d'un point de vue métropolitain. Non pas uniquement banlieusard.

Tout le monde et sa soeur veulent une réduction du nombre de structures administratives, une «meilleure planification» du réseau de transport, une «vision cohérente et intégrée» de l'aménagement. Mais à part couper bêtement des têtes et des organismes, on fait quoi?

La réponse de la CAQ est mince, pour ne pas dire simpliste: on développe le train de banlieue en priorité et on réduit de moitié le nombre d'élus montréalais...

Or comment peut-on proposer de développer un réseau développé tous azimuts ces 15 dernières années alors que le dernier investissement important sur l'île remonte à 1988? Et comment peut-on vouloir miser sur le train de banlieue après l'adoption d'un Plan d'aménagement qui mise sur une densification de la banlieue non plus sur son éparpillement?

Plutôt, il importe de densifier autour des gares existantes, de trouver une source de financement récurrente pour le transport collectif, de développer des voies réservées et des services rapides par bus vers l'île et sur l'île, éventuellement le métro vers l'Est.

Quant à la réduction du nombre d'élus municipaux, il s'agit d'une esbroufe destinée aux électeurs qui détestent le maire du Plateau et autres «roitelets» bien plus que d'une proposition de «réforme de la gouvernance». On répond ainsi à la colère populaire sans se poser de questions sur la mission des élus municipaux, sur le rôle des arrondissements, sur l'importance de la proximité au niveau municipal ou sur les promesses faites aux villes qui ont décidé de ne pas défusionner.

Entendons-nous bien, la métropole est mûre pour un grand ménage. Fragmentée dans les années 60, balkanisée dans les années 90, elle est aujourd'hui plus unie, mais clairement surgouvernée.

Après les fusions, défusions et décentralisations, qu'on le veuille ou non, Montréal a besoin d'une vaste réflexion visant à achever la réforme entamée il y a une décennie. Pas de quelques solutions populistes destinées à plaire aux électeurs des couronnes.

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