Le sommet Rio+20 devait être «le plus imposant événement organisé par l'ONU». Certains y voyaient «une occasion comme il ne s'en présente qu'une par génération», d'autres une conférence «de la dernière chance» pour verdir l'économie mondiale.

Et pourtant, Rio+20 n'a été, au mieux, qu'une immense perte de temps et d'énergie. Au pire, une fuite en avant qui n'annonce rien de bon pour la suite des choses.

Plus de 45 000 personnes, dont une centaine de chefs d'État, ont participé la semaine dernière à cet immense pow-wow dont on connaissait l'issue... avant qu'il ne débute. Les représentants ont en effet signé une déclaration écrite à l'avance, vendredi dernier, puis sont repartis sans engagements, cibles ou échéancier à respecter.

Sans surprise, la déclaration finale n'a rien à voir avec l'issue du Sommet de la Terre de 1992 dont Rio+20 était l'écho. S'étirant sur 60 pages, elle ne contient qu'une poignée de «nous exhortons» (6 fois) et de «nous déclarons» (7 fois). En revanche, elle est pleine de «nous encourageons» (37 fois), «nous soulignons» (62 fois) et «nous réaffirmons» (64 fois). On a déjà lu plus volontaire...

Certes, il y a des éléments intéressants dans cette déclaration fleuve, le principal étant cette intention d'élaborer des objectifs de développement durable «concrets, concis et ambitieux» pour 2015.

Mais une telle intention ne fait pas un plan d'action, tout juste un timide programme de travail en faveur du développement durable, ce qui est désolant quand on sait que le rapport Brundtland a mis au monde ce concept il y a un quart de siècle...

Bref, Rio+20 ne passera pas à l'histoire. En raison du contexte économique qui siphonne l'attention. Mais surtout, en raison de l'extrême prudence des négociateurs qui ont imposé le plus petit dénominateur commun en plus de boucler le tout bien à l'avance afin d'éviter une redite de la Conférence de Copenhague.

Mais paradoxalement, c'est en mettant la barre si bas qu'ils ont eux-mêmes ajouté Rio+20 à la liste des échecs répétés des dernières années. Un échec de plus, donc, qui renforce l'idée que ces conférences multilatérales commencent à tourner à vide.

Plutôt que de se contenter de «réaffirmer» bêtement des promesses passées aux résultats mitigés, la communauté internationale aurait davantage eu intérêt à réfléchir à la suite des choses, à revoir ses façons de faire peut-être révolues, à se pencher sur la gouvernance mondiale de l'environnement.

Hélas, l'idée proposée par l'Europe de créer l'Organisation des Nations unies pour l'environnement (ONUE), une instance qui aurait l'importance de la Banque mondiale, a été rejetée sans autre débat. Une telle agence, pourtant, permettrait peut-être de mieux encadrer les 600 conventions sur l'environnement, de rapprocher le Nord et le Sud et surtout, d'inscrire cet enjeu dans la durée.

Rio+20 aurait pu être d'une grande utilité si les délégués avaient lancé un tel chantier de réflexion. Mais en se contentant de faire acte de présence, ils en ont fait un exercice vain.

Qu'en pensez-vous? Exprimez votre opinion