La CLASSE souffle le chaud et le froid sur Montréal, une situation qui risque non seulement de perturber la métropole cet été, mais aussi de desservir la cause pour laquelle elle se bat.

Depuis la fin abrupte des négociations, la semaine dernière, les porte-parole de la Coalition large de l'Association pour une solidarité syndicale étudiante ont repris leurs appels à la mobilisation. Ils invitent leurs membres à se joindre à leurs «actions de visibilité», à défier la loi 78, à commettre des gestes de désobéissance civile.

Première victime: la journée portes ouvertes du Grand Prix qui a été annulée «compte tenu des annonces de perturbation récemment formulées». Avec raison, les organisateurs ont refusé de courir le risque, aussi minime soit-il, qu'un débordement n'ait de fâcheuses conséquences.

Réaction de la CLASSE: elle trouve non seulement la décision «exagérée» et «précipitée», elle accuse les organisateurs d'agir ainsi dans le seul but de jeter l'opprobre sur les étudiants...

Franchement! Ou bien la CLASSE sous-estime l'impact de ses propres menaces, ou bien elle est aussi irresponsable que ne le prétendent ses détracteurs. Elle ne peut à la fois inviter à la perturbation... et s'en laver les mains lorsque cela réussit. Elle ne peut créer un climat d'insécurité pour faire plier le gouvernement... et lever le nez sur les dommages collatéraux qu'elle provoque.

Certes, Gabriel Nadeau-Dubois rétorque qu'il est clairement indiqué, sur la page web de son organisation, que l'objectif des «grands rendez-vous» à venir n'est pas d'empêcher les citoyens et touristes de participer aux événements ou de mettre leur sécurité en péril, mais simplement de donner une visibilité aux étudiants mécontents.

Mais que vaut une telle précision? Depuis le début du conflit, la CLASSE profite d'un rapport de force qui la distingue d'éléments plus radicaux comme la CLAC, mais sans jamais respecter les devoirs qui l'accompagnent.

Gabriel Nadeau-Dubois et ses collègues se présentent en leaders lorsqu'ils appellent à la mobilisation... mais se disent simples porte-parole dès qu'on leur demande des comptes. Ils se disent opposés à la violence et à l'intimidation... mais refusent obstinément de les condamner. Ils affirment que la perturbation n'est pas leur objectif... mais s'en servent allègrement pour faire avancer leur cause. Ils soutiennent qu'ils ne prévoient aucun acte violent cet été... mais répètent qu'ils ne contrôlent pas leurs troupes.

Normal que les organisateurs d'événements, à qui l'on peut bien expliquer toutes les subtilités de la «désobéissance civile» comme forme d'action non violente, envisagent le pire et se préparent en conséquence. Surtout quand la CLASSE refuse ne serait-ce que de s'asseoir avec Gilbert Rozon pour discuter des façons d'empêcher le pire de survenir...

C'est une chose d'exprimer ses frustrations en manifestant la nuit, en ayant recours aux casseroles, en déambulant nu dans la ville ou en multipliant les coups d'éclat créatifs. Mais c'en est une autre de prôner la désobéissance, de refuser de se dissocier des gestes violents, puis de lancer des menaces ambiguës à tous les organisateurs d'événements estivaux de la métropole.

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