Québec a déposé mercredi un projet de loi qui élargit le recours aux radars photo dans la province. En plus de confirmer le maintien des 15 appareils existants, le gouvernement ajoutera 25 cinémomètres à compter de l'an prochain.

L'intention est louable, mais certainement pas les modalités.

D'abord, le ministre Pierre Moreau a choisi d'utiliser les cinémomètres pour régler des problèmes précis. Il souhaite ainsi multiplier les radars fixes dans «les endroits accidentogènes», en les entourant de multiples panneaux d'affichage.

Sous prétexte d'acceptabilité sociale, il choisit en effet de signaler clairement la présence des points de contrôle afin «qu'ils ne constituent pas des pièges pour les usagers de la route». Mais en subordonnant ainsi l'application de la loi à l'approbation des citoyens, Québec se contente de réduire la vitesse à des intersections données, sans toutefois s'attaquer au comportement des automobilistes.

Or, de l'aveu même du MTQ, «le non-respect des limites de vitesse est largement répandu» au Québec. Plus d'un conducteur sur deux dépasse les limites en ville, une proportion qui atteint deux personnes sur trois sur les routes principales et huit sur dix sur les autoroutes.

C'est énorme! Et pourtant, à cette infection généralisée on propose une vingtaine de pansements...

Ensuite, le ministre a décidé de traiter les villes sur un pied d'égalité. Même Montréal. Il souhaite ainsi avoir le contrôle sur les lieux d'implantation des cinémomètres et les recettes provenant des contraventions. «Je ne vois pas pourquoi on permettrait à tout un chacun de les installer comme il veut», a-t-il indiqué.

Or, comment peut-on traiter une ville de près de 2 millions de résidents qui accueille chaque jour des centaines de milliers de navetteurs comme n'importe quelle municipalité de province? On retrouve en effet à Montréal une concentration d'autos, de camions, de cyclistes, de piétons... et de blessés qui impose un traitement distinct.

Normal, donc, que le maire Tremblay exige le pouvoir d'installer les radars photo là où il le souhaite. Normal qu'il demande de garder toute latitude sur l'utilisation des recettes. Pourquoi l'argent des contraventions émises dans la métropole servirait-elle à améliorer la sécurité routière à Sherbrooke?

Certains rétorquent que Montréal se servira indéniablement de ces «trappes à tickets» comme d'une «taxe déguisée» pour renflouer ses coffres. Or, non seulement la Ville s'est-elle engagée à verser chaque sou collecté dans la sécurité routière, mais cette «taxation» a un énorme mérite: elle peut facilement être évitée... en respectant simplement le Code de la route.

Si Québec souhaite faire des radars un véritable outil de sécurité routière, il doit certes installer des cinémomètres en zones problématiques, mais il doit aussi multiplier les radars mobiles, dissimuler des radars fixes et donner à Montréal l'autonomie qui lui revient sur son territoire.

Bref, il doit élargir le rayon d'action ce ces appareils d'une redoutable efficacité.

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