Les Montréalais, malgré tous les beaux discours, sont toujours aussi nombreux à quitter l'île pour la banlieue. L'an dernier, 61 000 citadins ont traversé les ponts avec boîtes et enfants, alors qu'à peine 39 000 nouveaux citadins se sont installés en ville.

L'administration Tremblay y voit une fatalité. Il s'agit plutôt d'un échec annoncé...

Le départ d'un nombre aussi élevé de personnes montre, en effet, les limites du Plan d'action famille de Montréal, dont l'échéance est imminente. Adoptée en 2008 par le maire Tremblay, cette politique vise, d'ici la fin de l'année, une réduction du déficit migratoire de 25%.

On espère ainsi limiter la fuite annuelle à 17 870 personnes (entre 2011 et 2012), alors qu'on en a perdu plus de 22 200 (entre 2010 et 2011).

La Ville rétorque qu'il s'agit d'une tendance lourde. Qu'aucune ville canadienne n'y échappe. Et que ces données, dévoilées lundi par l'Institut de la statistique, s'inscrivent dans la moyenne de la dernière décennie.

Reste que l'exode se poursuit, que tous les groupes d'âge, sauf les 15-24 ans, préfèrent encore et toujours grossir les rangs du 450. Et ce, malgré les promesses, les programmes et les incitatifs mis sur pied depuis cinq ans.

Pour Montréal, cela est dramatique.

La métropole se dépeuple, en effet, sous l'effet du départ des jeunes familles, des enfants et donc, de son avenir. Elle perd sa classe moyenne. Et elle est abandonnée par une bonne partie de sa population francophone. Bref, elle se dévitalise, se paupérise et s'anglicise.

La faute, bien évidemment, n'incombe pas à l'administration Tremblay. Mais on peut se demander, en revanche, si cette dernière en fait assez pour contrer la migration de ses habitants? Si ses programmes d'accès à la propriété sont assez généreux? Si elle en fait assez pour convaincre les promoteurs de bâtir autre chose que des condos? Si elle fait suffisamment pression sur Québec pour recevoir sa juste part d'investissements en transport collectif et routier?

Et surtout, si les gestes qu'elle pose au quotidien sont toujours conformes avec ce qu'elle dit être sa priorité, la rétention des jeunes familles? On ne peut en effet hausser continuellement les taxes, augmenter les tarifs de transport en commun et geler les budgets d'arrondissement (on souhaite enfin y mettre fin) sans que cela nuise à la «mise en marché» de Montréal.

Ces questions, l'administration devra se les poser tôt ou tard, car rien ne laisse croire à un essoufflement prochain de cet exode, et ce, malgré le récent Plan métropolitain d'aménagement. Les retraités, en effet, ont beau voir leur nid se vider, ils ne reviennent pas en ville. Et les immigrants sont de plus en plus nombreux à se laisser séduire par la banlieue dès que leur pouvoir d'achat s'accroît.

Certes, Montréal ne pourra jamais retenir ceux qui la quittent par choix, pour l'espace et la tranquillité de la banlieue. Mais il peut certainement en faire plus pour retenir ceux qui partent par dépit.

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