Le fossé qui sépare les riches des pauvres est au plus creux depuis 30 ans au sein des pays de l'OCDE. Et le Canada en est en partie responsable.

Le fléau n'est pas nouveau, mais un vaste rapport sur le sujet nous apprenait hier qu'il ne cesse de s'aggraver depuis le tournant des années 70. Sa progression a été telle qu'il a atteint, ces dernières années, des endroits que l'on croyait protégés: le Danemark, la Suède et le Canada.

Si bien qu'aujourd'hui, le revenu des plus aisés est neuf fois plus important que celui des plus démunis. Au Canada, l'écart est encore plus grand: le revenu moyen des 10% les plus riches (103 500$) est dix fois plus important que celui des 10% les plus pauvres (10 260$).

Les riches s'enrichissent et les pauvres s'appauvrissent, donc? Pas tout à fait. La situation des gens qui se situent au bas de l'échelle prend tranquillement du mieux. Même chose pour la classe moyenne. Mais la situation des plus riches, elle, monte à la vitesse d'une fusée depuis 10 ans!

La conséquence de ce phénomène est évidente, mais sa cause est plus difficile à cerner. Certains montrent du doigt la mondialisation comme responsable de cette course folle. D'autres évoquent l'avènement des technologies de l'information, la part grandissante du travail à temps partiel ou encore la hausse considérable des salaires et bonis des plus riches.

D'autres, enfin, évoquent les politiques fiscales des différents pays. Les programmes de soutien gouvernementaux du Canada (assurance-emploi, assurance sociale, etc.), par exemple, annulaient 70% des inégalités dans les années 80. Aujourd'hui, ils ne réussissent à en effacer que 40%...

Tenter de trouver LA cause du mal n'est donc pas chose facile. Mais trouver son antidote, par contre, est un jeu d'enfant. S'il y a une chose, en effet, qui fait consensus dans tout ce débat sur l'inégalité, c'est la façon de la contrer: par l'éducation, l'instruction, la qualification.

Les politiques redistributives et les politiques en matière d'emploi ont une grande importance. Mais à elle seule, la qualification compense l'écart des revenus associé à la mondialisation, au progrès technologique et aux réformes gouvernementales.

Il est question d'études postsecondaires et de formation professionnelle, évidemment, mais aussi des mesures disponibles dès l'enfance et de la formation continue tout au long de la vie active. Une précision qui devrait nous faire réfléchir, au Québec.

Bien que le filet social soit ici plus serré, l'actualité récente montre, par exemple, que les garderies publiques ne rejoignent pas les familles dans le besoin. Que le taux de décrochage, même s'il semble vouloir diminuer, est encore trop élevé. Et que le taux de sortie sans diplôme ni qualification à Montréal est deux fois et demie plus élevé dans les écoles défavorisées qu'ailleurs.

L'éducation n'élimine pas l'inégalité, mais elle empêche au moins qu'elle ne s'aggrave.

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