C'est avec sévérité que les Montréalais jugent les 10 ans au pouvoir du maire Gérald Tremblay. Dix ans, soyons honnêtes, qui ne sont pas dénués de réalisations.

Il faut se souvenir de l'état déplorable de la métropole en 2001. Après les sept années de règne de Pierre Bourque, Montréal était une ville en déficit démocratique, une ville aux infrastructures négligées, une ville où les syndicats dictaient le budget.

Or c'est précisément sur ces trois enjeux que Gérald Tremblay s'est démarqué. Sur le plan démocratique, il a mis en place le premier ombudsman municipal au pays, il a donné aux citoyens un droit d'initiative, il a redonné vie à l'Office de consultation publique et il a réhabilité les commissions permanentes du conseil.

Sur le plan des infrastructures, le maire a mis aux normes les usines d'eau potable, il a mis sur pied un fonds dédié à la réfection des canalisations souterraines et surtout, il a osé taxer les contribuables pour l'eau et les routes.

Enfin, sur le plan des relations de travail, M. Tremblay a tenu tête aux syndicats. Alors que Pierre Bourque pliait systématiquement pour éviter la contestation, M. Tremblay y est allé d'une offre raisonnable en 2009 - laquelle proposait un gel des salaires la première année ­- puis a refusé d'y déroger, obstinément.

Et pourtant, malgré ces réussites, les Montréalais n'en peuvent plus de leur maire. Pourquoi? En raison de l'usure du pouvoir évidemment, mais aussi d'une exaspération croissante face à cet homme incapable de foncer, de marcher sur des orteils, de mener à terme un projet un tant soit peu controversé.

Bref, le maire de la métropole n'a pas joué son rôle de maire d'une métropole. Il n'a pas exercé le leadership que commande cette fonction, se contentant d'un rôle de comptable responsable. Il a laissé à d'autres le soin de lui dicter ses priorités. Et il a délégué à des personnes parfois douteuses de lourdes responsabilités qui lui revenaient. D'où les scandales à répétition, l'espionnage du vérificateur, les compteurs d'eau, la SHDM, et les «je ne savais pas» servi chaque fois à titre justificatif.

En un mot, Gérald Tremblay n'a pas répondu aux attentes. Attentes qu'il a lui-même fixées lors des trois élections remportées.

C'est lui qui a évoqué l'importance d'un leadership fort. Lui a qui parlé de tramways, de quartiers verts, de «service rapide par bus», de la démolition de l'autoroute Bonaventure, de la transformation de la rue Notre-Dame, de l'accès accru aux berges. Lui qui a multiplié les plans et documents d'orientation bien plus que les réalisations. Lui qui a promis un pacte fiscal de 3 milliards. Lui qui s'est fait élire avec la promesse de nettoyer Montréal de la corruption.

Face à ce nombre impressionnant d'engagements non tenus, le BIXI et le Quartier des spectacles ne font tout simplement pas le poids...

Le bilan de Gérald Tremblay n'est pas tout noir, on s'entend. Mais les citoyens de la métropole s'attendaient à plus que cela, avec raison.

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