Le début de la fin du développement anarchique de la région de Montréal commence aujourd'hui, à 19 heures tapantes...

C'est en effet ce soir que débutent les consultations publiques sur le Plan métropolitain d'aménagement et de développement (PMAD), un outil sans précédent qui balisera le développement des 82 villes de la région pour 20 ans.

Il n'y a qu'à se balader autour de l'île pour constater à quel point l'absence d'une telle vision a cruellement manqué jusqu'ici. Il y a un demi-siècle maintenant que Montréal se développe à la va-comme-je-te-pousse toujours plus loin, détruisant arbres, terres agricoles et paysages au passage...

Malgré la faible croissance démographique et le vieillissement de la population, on abandonne ainsi du construit pour du neuf, on accroît toujours plus le fardeau que les générations futures devront entretenir avec Dieu sait quel argent !

C'est précisément cette politique de la terre brûlée à laquelle le PMAD veut mettre fin. Enfin !

Les maires des couronnes nord, main dans la main avec les constructeurs d'habitations (APCHQ), tentent de bloquer cette nécessaire évolution. Ils évoquent « la fin de l'unifamiliale », le « surétalement urbain », voire une pénurie de logements pour 100 000 familles... « On n'est pas en URSS, s'est insurgé le maire de Bois-des-Filion, on ne rentrera pas les gens de force dans des appartements... »

Or le monde a changé, et pas seulement dans l'ancienne Union soviétique ! Les prévisions sur lesquelles se basent les catastrophistes - une croissance exponentielle des banlieues - ne sont pas réalistes. Pas plus que celles qui prévoient un retour accéléré vers la ville.

Les tendances en cours montrent davantage une consolidation des couronnes. L'exode des citadins décélère certes, la ville centre se densifie. Mais la banlieue garde son monde, comme le démontrent les auteurs de La banlieue s'étale, un essai universitaire éclairant qui vient de paraître. On s'aperçoit que les jeunes familles sont toujours aussi attachées à l'espace, la tranquillité et la sécurité de la banlieue... et que la majorité des baby-boomers entendent en profiter jusqu'à la fin de leurs jours.

Les démographes ont en effet sous-estimé, dans le passé, l'attachement des banlieusards pour leur patelin. On les voyait déjà abandonner leur bungalow en manque d'entretien pour la ville, alors qu'ils souhaitent clairement y vieillir. Et lorsque cela ne sera plus possible, ils déménageront dans plus petit. Mais sans jamais quitter leur banlieue...

Bref, la voie est pavée non pas pour une poursuite de l'étalement en saute-mouton, mais pour une densification et une diversification des pôles existants, là où se trouvent services et transports collectifs. Précisément ce que cherche à faire le PMAD en empêchant le dézonage agricole et en concentrant 40 % des futurs ménages autour des gares, stations de métro et stationnements incitatifs, un prélude à un développement possible du réseau.

Ne cherchons pas plus loin. Il est là le Plan Sud que plusieurs appellent de leurs voeux.

Qu'en pensez-vous? Exprimez votre opinion