L'Hôpital général de Montréal veut prendre de l'expansion sur le mont Royal. Après avoir abandonné un vaste projet d'agrandissement pour des raisons techniques et financières, il propose aujourd'hui un développement moins invasif.

Pas d'élévations de bâtiments cette fois, pas de nouvelles constructions en façade, pas d'Institut neurologique ou de stationnement de surface. On se contente de réaménager le complexe existant et d'annexer un édifice voisin.

Le projet peut donc sembler raisonnable... sur papier. Mais dans les faits, il constitue une sérieuse atteinte à la protection de l'arrondissement historique et naturel du Mont-Royal, comme le confirme le rapport de l'Office de consultation publique de Montréal, déposé mercredi.

Bien de l'eau a coulé sur la montagne depuis le dépôt - et l'abandon - de la première mouture du projet d'expansion, en 2008. En trois ans à peine, on est passé d'une conservation approximative de la montagne à une protection plus formelle, plus affirmée.

D'abord, l'Hôpital général a lui-même signé un accord de développement avec la Ville, ratifié en octobre 2008, dans lequel il s'engageait à améliorer ses installations, déjà imposantes, plutôt qu'à les étendre au-delà de leur implantation actuelle.

L'année suivante, l'administration municipale a adopté le Plan de protection et de mise en valeur du mont Royal, un document de référence qui confirmait la responsabilité des propriétaires institutionnels qui ont l'immense privilège d'occuper la montagne.

Puis en mai dernier, le conseil municipal a adopté une résolution établissant une interprétation stricte du concept de «capacité limite» de la montagne à supporter tout développement additionnel. On se donnait alors pour objectif de contenir tout agrandissement futur à l'intérieur des volumes de construction déjà bâtis.

Or on le voit bien, l'extension des fonctions de l'Hôpital général en dehors de son empreinte historique apparaît «difficilement compatible», pour citer l'Office de consultation, avec ces multiples engagements. Pire, elle constituerait un dangereux précédent qui pourrait servir aux autres institutions.

Il faut savoir que l'agrandissement proposé s'appuie en grande partie sur l'annexion d'un bâtiment résidentiel voisin... qui n'est toujours pas construit! Il s'agit plutôt d'une carcasse de béton abandonné sur l'avenue Cedar depuis 2009, depuis, en fait, que l'Hôpital l'a acquis dans des circonstances nébuleuses, sans l'autorisation pourtant obligatoire du ministre de la Santé.

Cautionner un tel geste reviendrait, donc, à permettre par la porte d'en arrière ce qui ne peut être fait par en avant. Et par extension, à marcher sur les jalons de protection plantés autour du mont Royal par Montréal et Québec ces dernières années.

Pour être conséquente avec elle-même, l'administration Tremblay n'a d'autre choix que de rejeter à son tour cet insidieux projet d'agrandissement.

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