Une plateforme pétrolière a déversé ces derniers jours plus d'un millier de barils de brut dans la Mer du Nord, au large de la Grande-Bretagne. Une première fuite a rapidement été colmatée par Shell, mais une seconde a pris le relais, provoquant la plus importante marée noire des 10 dernières années dans ce coin du monde.

Une plateforme pétrolière a déversé ces derniers jours plus d'un millier de barils de brut dans la Mer du Nord, au large de la Grande-Bretagne. Une première fuite a rapidement été colmatée par Shell, mais une seconde a pris le relais, provoquant la plus importante marée noire des 10 dernières années dans ce coin du monde.

Mais bon, soyons honnêtes, ce déversement n'a rien à voir avec celui qui a obscurci le golfe du Mexique l'an dernier. On ne saurait comparer les 4 millions de barils qui ont souillé La Nouvelle-Orléans et les 1300 autres perdus en Mer du Nord.

Et pourtant, les deux incidents sont tout aussi importants. Le premier par sa gravité, le second, par sa banalité.

L'explosion du Deepwater Horizon, il va sans dire, est un événement historique qui a frappé l'imaginaire. Son importance, elle la tire de son caractère exceptionnel, au même titre que la marée noire de l'Exxon Valdez. Ce sont des accidents gravissimes, mais heureusement rarissimes.

Par comparaison, la fuite de la semaine dernière est anodine, comme le sont tous ces déversements contrôlés, ces pépins techniques et ces valves qui flanchent sur les plateformes. Après tout, le pétrole ainsi répandu ne touche pas les côtes, ne nécessite pas d'intervention militaire et ne fait donc pas les manchettes.

En quoi ces incidents sont-ils aussi importants que les immenses marées noires, dans ce cas? En ce qu'ils sont devenus banals, justement. Même dans la Mer du Nord, un plan d'eau protégé par l'une des réglementations les plus sévères au monde !

Bon an, mal an, les pétrolières y déclarent une fuite «majeure» ou «significative» chaque... semaine! En 2009 et 2010, on en a ainsi dénombré pas moins de 100, ce qui prouve que les plateformes sont fragiles, que le sans-faille n'existe pas.

Voilà qui n'a rien de bien étonnant. Mais voilà qui contredit les garanties de l'industrie au moment précis où elle demande le droit de s'aventurer en territoires fragiles. Pensons à Shell, qui vient de recevoir une première permission de l'administration Obama pour forer dans la Mer de Beaufort, non loin de l'Alaska. Et pensons à Corridor Ressources, qui souhaite rapidement en faire autant dans le golfe du Saint-Laurent, avec la complicité du fédéral qui n'exige que la mise à jour d'une vieille étude.

Or une petite fuite dans la Mer du Nord représenterait, en latitudes nordiques, une réelle catastrophe aux dommages difficilement imaginables!

La Mer de Beaufort est gelée huit mois par année, les conditions y sont inhospitalières, ce qui empêcherait toute intervention d'urgence. Quant au golfe du Saint-Laurent, il s'agit d'une petite mer semi-fermée (deux fois moins grande que la Mer du Nord, six fois moins que le golfe du Mexique) dans laquelle la moindre fuite lécherait les côtes de cinq provinces.

Cela ne nous oblige pas à mettre une croix définitive sur toute exploration, mais à tout le moins, à agir avec une infinie prudence. Précisément l'inverse de ce que manifestent Washington et Ottawa.

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