Les résultats scolaires des immigrants sont comparables à ceux des élèves nés au Québec. Et ce, même s'ils n'ont pas toujours accès à une aide parentale immédiate et ne maîtrisent pas parfaitement le français, nous apprend un dossier publié ces derniers jours dans La Presse.

Voilà qui fait réfléchir en cette fin d'année scolaire, une année où l'on en aura pelleté beaucoup dans la cour des enseignants, où les projecteurs auront été braqués sur l'évaluation de leur travail, leurs conditions salariales et le nombre d'enfants en difficulté qu'ils peuvent gérer simultanément.

Or, ce que confirment les bulletins des allophones, c'est que le succès scolaire est en bonne partie attribuable à ce qui se passe à la maison, pas seulement en classe.

Dans le détail, certaines communautés font mieux, d'autres moins bien. Mais il n'en demeure pas moins que globalement, les petits allophones se débrouillent aussi bien que leurs camarades «de souche», malgré les obstacles inhérents à leur situation.

Les enseignants qui ont à interagir avec leurs parents savent pourquoi: l'importance accordée à l'éducation frise la passion dans bien des communautés pour lesquelles l'école - et la promotion sociale qu'elle promet - est loin d'être tenue pour acquise. De nombreux parents veulent donner à leur enfant ce à quoi ils n'ont pas eu droit... ou qu'ils ont perdu en immigrant.

Cela se traduit au quotidien de plusieurs manières. D'abord par une valorisation permanente de l'école, un discours répété du berceau à l'université, par tous les membres de la famille et de la communauté élargie. Ensuite, par un refus de l'échec et de l'abandon scolaires. Et enfin, par un respect de l'institution scolaire et de tous ceux qui la composent, au premier chef l'enseignant. Ce dernier est ainsi vu comme un complice de la réussite de leur enfant, un maillon essentiel à son avancement.

Autant d'éléments qui donnent un sérieux avantage aux allophones par rapport aux petits Québécois, qui n'ont manifestement pas droit à un tel mantra. Citons seulement ce sondage, mené en décembre dernier, selon lequel 6% seulement de la population souhaite que l'éducation soit la principale priorité du gouvernement...

Ajoutons à ce manque de valorisation une contestation grandissante des parents. Des «parents-rois», bien souvent, qui n'hésitent plus, devant leur enfant, à mettre en doute la compétence de l'enseignant, le jugement du milieu scolaire ou encore, la pertinence des journées pédagogiques, vite qualifiées de «vacances» pour les profs.

Le décrochage scolaire, bien évidemment, est multifactoriel. On ne peut donc l'expliquer par ces seuls éléments; mais ceux-ci participent certainement à la stagnation du taux de décrochage, resté pratiquement inchangé depuis 20 ans malgré toutes les réformes, politiques et modifications apportées au travail des enseignants.

Les professeurs jouent bien évidemment un rôle important dans la réussite des enfants. Mais les parents aussi, ne l'oublions pas.

francois.cardinal@lapresse.ca

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