C'est le début de la fin d'un long cauchemar en Montérégie, alors que le Richelieu regagne tranquillement son lit. Cela signifie le commencement d'une grande corvée pour les sinistrés... et d'une profonde réflexion pour le gouvernement, qui ne peut plus fermer les yeux pendant que l'on bétonne impunément les berges du Québec.

C'est le début de la fin d'un long cauchemar en Montérégie, alors que le Richelieu regagne tranquillement son lit. Cela signifie le commencement d'une grande corvée pour les sinistrés... et d'une profonde réflexion pour le gouvernement, qui ne peut plus fermer les yeux pendant que l'on bétonne impunément les berges du Québec.

Entendons-nous, le laxisme du gouvernement n'est pas responsable des crues record des dernières semaines. Mais l'on peut certainement imputer à ce laxisme l'ampleur des dégâts!

Comme bien des rives québécoises, les abords du Richelieu ont longtemps profité de la cupidité des villes, de la permissivité des MRC et de la complicité du gouvernement pour se développer sans souci pour les risques... et la Politique de protection des rives censée l'empêcher.

On a permis le tout avec d'autant plus de facilité que les acheteurs sont toujours au rendez-vous, peu importe la menace qui leur pend au bout du quai. C'est ce que le géologue américain Nicolas Pinter appelle l'hydro-amnésie, qui élimine tout souvenir d'inondations passées et donc, toute peur d'inondations futures.

Or s'il y a une leçon à tirer du débordement du Richelieu, c'est que les maisons construites sur le bord de l'eau coûtent cher à tout le monde, pas seulement à leur propriétaire...

Deux questions se posent maintenant: que faire avec les maisons abîmées en plaines inondables, et comment ajuster les lois et règlements pour réduire les chances qu'une telle chose se reproduise dans la province?

Il est malheureusement trop tôt pour répondre à la première, étant donné que personne n'a encore de portrait précis des dommages infligés aux maisons. Si la plupart sont une perte totale, il sera plus simple d'appliquer la politique québécoise et ainsi interdire la reconstruction dans la zone inondable. Mais si la majorité d'entre elles ne nécessitent que des rénovations, l'expropriation sera autrement plus complexe. Attendons donc les observations de l'équipe gouvernementale sur le réaménagement avant de trancher.

Quant aux ajustements législatifs, ils s'imposent d'eux-mêmes: la Politique de protection des rives et des plaines inondables doit devenir loi. Point. Les villes étant dépendantes des taxes foncières, elles n'ont aucun intérêt à interdire la construction sur berges. Québec doit donc cesser de suggérer des règles et les imposer une fois pour toutes.

Le gouvernement doit aussi transférer le risque financier des inondations aux principaux concernés, qui ont délibérément choisi d'habiter un secteur à risque. Ce n'est pas à l'État de se porter garant de maisons que personne ne veut assurer! Québec pourrait ainsi décréter qu'à compter de janvier 2012, les maisons en plaine inondable qui font l'objet d'une transaction immobilière ne sont plus admissibles à l'aide financière publique.

Alors que la fréquence de ce genre d'événements est appelée à augmenter au fil des changements climatiques, le Québec ne peut pas se permettre d'oublier les leçons du Richelieu.

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