L'adoption du protocole de Kyoto a été un immense pas en avant. Elle a prouvé que la lutte aux changements climatiques était prise au sérieux par la communauté internationale, que les pays pouvaient se rallier derrière un objectif commun et que des compromis nationaux étaient possibles au nom de la solidarité internationale.

L'adoption du protocole de Kyoto a été un immense pas en avant. Elle a prouvé que la lutte aux changements climatiques était prise au sérieux par la communauté internationale, que les pays pouvaient se rallier derrière un objectif commun et que des compromis nationaux étaient possibles au nom de la solidarité internationale.

Mais le protocole de Kyoto comme tel, lui, est un échec.

On en a un indice frappant dans les plus récents chiffres de l'Agence internationale de l'énergie, dévoilés hier. On y apprend que jamais les émissions de gaz à effet de serre n'ont été aussi élevées que l'an dernier, jamais elles n'ont connu une hausse annuelle aussi abrupte qu'entre 2009 et 2010.

Mais il ne s'agit là que d'un indice. Car ces données sont mondiales alors que le traité englobe uniquement les gaz à effet de serre d'une trentaine de pays développés qui, globalement, doivent être réduits de 5% sur la période 2008-2012, par rapport à leur niveau de 1990. Les données sommaires de l'Agence ne nous permettent donc pas, pour l'instant, de conclure que la cible est ratée.

Mais on peut néanmoins soutenir, déjà, que Kyoto est un échec retentissant. Pourquoi? Parce qu'au-delà des réductions chiffrées, le véritable objectif de la communauté internationale était de ratifier un premier traité en 1997, aussi imparfait soit-il, puis d'élargir et d'approfondir la lutte contre les changements climatiques avec le temps.

Concrètement, on souhaitait amorcer le mouvement, puis convaincre les États-Unis, l'Australie, la Chine et les autres pays émergents d'emboîter le pas, de se joindre à l'effort commun. Voilà pourquoi on s'est contenté d'un accord qui ne couvrait qu'un quart des émissions mondiales.

Or c'est l'inverse qui s'est produit. Non seulement ces pays n'ont pas embarqué, mais des joueurs ont débarqué en cours de route: le Canada surtout, mais aussi le Japon et la Russie.

Alors qu'un certain espoir subsistait toujours à l'ouverture de la conférence de Copenhague, qui s'est tenue en présence d'une centaine de chefs d'État en 2009, il a complètement disparu depuis. La rencontre a en effet exacerbé la lutte diplomatique entre les deux principaux pollueurs mondiaux, la Chine et les États-Unis, un blocage dont on est incapable de se sortir depuis.

Ce dernier explique à la fois la paralysie des négociations, dans un contexte où toute décision doit être prise à l'unanimité, et la facilité avec laquelle d'importants pays peuvent se soustraire à leur responsabilité. Il n'y a qu'à montrer du doigt le laxisme de la Chine pour justifier le sien...

Si bien que l'idée d'une deuxième phase de Kyoto, que l'on prévoyait amorcer en 2013, semble plus incertaine que jamais, pour ne pas dire impossible. La tendance des émissions de gaz à effet de serre ne constitue donc qu'un clou de plus dans le cercueil déjà fermé du protocole.

Premier de deux éditoriaux sur l'avenir des négociations sur le climat. À lire demain: «Cri d'alarme».

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