Montréal renoue tranquillement avec l'eau qui l'entoure. Et la future plage de sable envisagée dans le Vieux-Port en est certainement l'indice le plus probant.

Montréal renoue tranquillement avec l'eau qui l'entoure. Et la future plage de sable envisagée dans le Vieux-Port en est certainement l'indice le plus probant.

Pendant 300 ans, Montréal a été une île, ceinturée d'eau, une évidence que personne n'a remise en question, de la fondation en 1642 jusqu'à l'ouverture de la voie maritime en 1959. Puis les populations se sont rapprochées et ont grimpé les flancs du mont Royal, abandonnant derrière elles de vieux quartiers délabrés.

Un mur s'est alors érigé entre les Montréalais et le fleuve, un mur que seuls les plus vaillants se sont mis en tête d'abattre un jour. Avec grand succès, peut-on affirmer aujourd'hui.

Le Vieux-Port dans lequel déambulent plus de 5 millions de marcheurs et de touristes chaque année, en effet, n'a plus rien à voir avec l'énorme site vide qu'il était devenu dans les années 70, alors que l'on commençait à prendre conscience de cet énorme gaspillage.

Il y a eu une vaste consultation publique (1978-79), puis une seconde (1985-86), qui ont permis aux Montréalais d'exiger en choeur une seule et même chose: une fenêtre dans ce grand mur qui les éloignait du fleuve. Un besoin clairement exprimé, qui s'est traduit en 1990 par un plan d'aménagement ambitieux, dont on récolte aujourd'hui les fruits.

Cet impressionnant revirement de situation, on le doit donc, d'abord et avant tout, à ces audiences publiques qui ont pavé la voie à une réappropriation citoyenne du site. Mais on le doit aussi à plusieurs autres éléments qui se sont ajoutés depuis: un accueil moderne et de grande qualité (contrairement à ce que l'on retrouve au mât du Stade); un refus de la «disneyification» proposée par des promoteurs mégalos (le Technodôme de la famille Reichman, ça vous dit quelque chose...); un aménagement du site en fonction des citoyens (sachant que c'est précisément ce que cherchent les touristes); et un respect pour le plan de match élaboré à l'époque (plutôt qu'un développement au goût du jour, tributaire des modes et des humeurs).

Aujourd'hui, on mesure la réussite de l'exercice aux foules bigarrées qui ont pris possession du site: les touristes en vacances, les dîneurs en pause, les citoyens qui se gardent en forme, les familles en pique-nique, les riverains avec leur chien... Autant de promeneurs qui n'auraient pas même songé à prendre le Vieux-Port d'assaut il y a 20 ans.

Le succès ayant un prix, il est maintenant temps de redonner au site un peu de fraîcheur, de consolider ce pôle récréotouristique, voire de ramener des événements qui ont quitté les lieux au fil du temps. On pense ainsi à un centre d'exposition pouvant accueillir des manifestations culturelles d'envergure, à un silo numéro 5 revu et corrigé, mais surtout, à une promenade au bord de l'eau ainsi qu'à une plage urbaine avec chaises longues et parasols.

L'idée est fort intéressante, car en plus de ses mérites ludiques, elle permettra d'affermir encore un peu plus ce lien retrouvé avec l'eau qui nous entoure.

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