La Coalition pour l'avenir du Québec a jeté un énorme pavé dans la mare, cette semaine, en dévoilant un texte de consultation visant à doter la province d'«un des meilleurs systèmes d'éducation au monde d'ici 2020».

La Coalition pour l'avenir du Québec a jeté un énorme pavé dans la mare, cette semaine, en dévoilant un texte de consultation visant à doter la province d'«un des meilleurs systèmes d'éducation au monde d'ici 2020».

Descendues en flammes par les groupes de pression, les propositions avancées méritent qu'on s'y attarde avec plus d'ouverture étant donné les taux alarmants de décrochage et surtout, l'échec des solutions mises de l'avant pour les réduire... depuis 20 ans.

Mettons de côté les modifications de structure et attardons-nous au «pacte» proposé aux enseignants.

La Coalition suggère d'augmenter l'autonomie et le salaire des professeurs en échange d'une évaluation de leur travail deux fois l'an. Ces derniers perdraient aussi leur sécurité d'emploi, afin que les évaluations puissent mener au renvoi des moins compétents.

L'idée d'introduire une évaluation systématique a certainement du bon, même pour les enseignants, qui se désolent de la piètre reconnaissance sociale dont ils jouissent. Ils souffrent en effet, selon le Conseil supérieur de l'éducation, «d'un sentiment de manque de prestige, d'autorité et de crédibilité».

Or, pour que l'expertise des enseignants soit davantage reconnue et légitimée, il faut l'attester, la mesurer, l'authentifier. Il faut que la compétence soit obligatoire, bien sûr, mais il faut aussi pouvoir témoigner de cette compétence, comme le prône le Conseil, par un «mécanisme de reddition de comptes».

En un mot, il faut professionnaliser la profession.

S'il n'est plus question d'instaurer un ordre professionnel, une autre idée rejetée en bloc par les syndicats il y a quelques années, il ne reste plus que l'évaluation des compétences pour agir en ce sens (sous condition, bien sûr, d'établir des critères justes et équitables).

Cela dit, l'évaluation doit servir à juger la qualité des enseignants non pas à les effrayer. Ce n'est certainement pas en menaçant les professeurs de renvoi ou en coupant quelques têtes qu'on améliorera la qualité générale de l'enseignement, voire qu'on séduira la relève!

Inutile donc de vouloir rayer la sécurité d'emploi. Contentons-nous d'envoyer les professeurs moins compétents vers une formation d'appoint solide et obligatoire. En soi, de toute façon, une mauvaise évaluation atteindrait l'objectif visé, soit d'imposer à l'enseignant une remise en question.

Cela dit, pour être efficace, tout ce travail doit être suivi par d'importantes modifications en amont, à l'université. Une fois le salaire et l'autonomie des enseignants haussés, l'évaluation imposée et la formation continue améliorée, il sera possible de resserrer les critères d'entrée dans les facultés des sciences de l'éducation.

Le «pacte» de la Coalition n'est pas parfait, on s'entend, mais il a le mérite de proposer un virage bien plus nécessaire que ne le prétendent les groupes de pression.

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